Narcotrafic : "On n'est pas encore un narco-État, mais si on laisse faire on le deviendra", prévient le sénateur LR Étienne Blanc
"On n'est pas encore un narco-État, mais si on laisse faire on le deviendra", prévient Étienne Blanc, sénateur LR du Rhône et rapporteur de la commission d'enquête sur le narcotrafic, samedi 2 novembre, sur franceinfo. Une rixe sur fond de trafic de drogue a fait cinq blessés jeudi soir à Poitiers (Vienne) et un enfant a été grièvement blessé par balles la semaine dernière en Ille-et-Vilaine.
À la suite de ces récentes fusillades, le ministre de l'Intérieur a dénoncé une "mexicanisation" du pays. Étienne Blanc ne paraît pas choqué par ces propos et assure qu'il "est de temps de réagir". S'il soutient que "le combat n'est pas perdu", le sénateur de droite constate tout de même que "toute une série de signes laisse entendre que les choses pourraient devenir irréversibles".
"La corruption s'étend"
Étienne Blanc assure ainsi qu'on "commence à voir toute une série de signes laissant entendre que la corruption s'étend" et que "les centres névralgiques de l'État, la puissance publique commencent à être attaqués." Cela se voit, selon lui, "dans la police, quand un fichier est consulté et que des infos sont données à des narcotrafiquants ; dans les prisons, quand des agents pénitentiaires laissent entrer dans la drogue ou des téléphones ; dans les douanes, quand des renseignements sont donnés ; et dans les ports, des dockers déplacent des conteneurs moyennant finances".
Le sénateur Les Républicains regrette que depuis quelques années "on ait laissé prospérer des entreprises de narcotrafic", à tel point qu'elles "sont devenues d'une puissance absolument incroyable". Il estime "à 6 milliards d'euros le chiffre d'affaires du narcotrafic en France". "Avec cette puissance colossale, les narcotrafiquants peuvent corrompre, utiliser des prestataires pour tuer, pour menacer et tout cela est en train de déraper", déplore-t-il.
Confisquer le "produit de ce narcotrafic"
Étienne Blanc affirme que ces sommes "considérables" ont eu le temps d'être "blanchies" et injectées dans "des entreprises de l'économie réelle", "des appartements et des voitures". Pour contrer ce phénomène, il met en avant l'une des propositions émises dans son rapport sur le narcotrafic, à savoir "l'injonction pour ressource inexpliquée". "Si une personne qui a un appartement, une grosse voiture ou des titres en bourse ne peut pas démontrer qu'il les a acquis légalement, alors son patrimoine est confisqué", explique-t-il. Le sénateur considère en effet que la "vraie sanction en matière de narcotrafic est la confiscation du produit de ce narcotrafic". "Il faut aller chercher ces milliards d'euros de chiffres d'affaires", lance le parlementaire.
Le sénateur du Rhône est aussi favorable à la création d'un parquet national antistupéfiants. Cela permettrait, d'après lui, d'avoir "un interlocuteur qui puisse diligenter l'ensemble des services et des opérations" et qui puisse avoir "autorité à la fois sur le fisc, l'institution judiciaire et la police pour mener des opérations puissantes".
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