Ce que l'on sait de la fusillade à Poitiers qui a fait un mort et quatre blessés

La fusillade, liée au trafic de drogue selon les autorités, a été suivie d'une vaste rixe. Un suspect est recherché.
Article rédigé par franceinfo
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Les policiers lors d'une précédente opération anti-stupéfiants dans le quartier des Couronneries à Poitiers (Vienne), le 5 mars 2024. (MATHIEU HERDUIN / LA NOUVELLE REPUBLIQUE / MAXPPP)

Un adolescent de 15 ans a succombé à ses blessures, samedi 2 novembre, deux jours après avoir été gravement touché à la tête dans une fusillade à Poitiers (Vienne). Lors de cette fusillade suivie d'une vaste rixe, qui a eu lieu jeudi soir, quatre autres adolescents âgés de 15 et 16 ans ont également été blessés.

Une enquête pour tentative d'homicide a été ouverte, avait précisé Cyril Lacombe lors d'un point presse, vendredi en fin d'après-midi. La fusillade est liée au trafic de drogue, a-t-il confirmé : "Les premiers éléments de l'enquête laissent suggérer que le tireur se serait livré à la vente de produits stupéfiants sur le secteur des Couronneries dans les jours précédents." Voici ce que l'on sait de cette fusillade.

Une fusillade suivie d'une rixe

Jeudi soir, vers 22h45, les forces de l'ordre sont intervenues après des coups de feu tirés devant un restaurant dans un quartier populaire de Poitiers. Elles ont trouvé sur place un premier blessé au sol, touché par balle à la tête. Ces tirs ont été suivis d'un affrontement plus vaste. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait initialement évoqué sur BFMTV "une rixe entre bandes rivales qui a engagé plusieurs centaines de personnes" mais, comme l'a confirmé le procureur de Poitiers, les échauffourées ont, en réalité, concerné "50 à 60 personnes".

Lors de leur intervention après les tirs, les policiers se sont retrouvés "au contact" de cette "foule" véhémente, ce qui a "contraint" les forces de l'ordre à utiliser "trois grenades lacrymogènes pour repousser les ardeurs de ces badauds", selon le récit de Cyril Lacombe. Aucune dégradation n'a été commise et le calme a été rétabli vers 23h30.

La conférence de presse du procureur de Poitiers, le 1er novembre 2024, au lendemain d'une fusillade.
La conférence de presse du procureur de Poitiers, le 1er novembre 2024, au lendemain d'une fusillade. La conférence de presse du procureur de Poitiers, le 1er novembre 2024, au lendemain d'une fusillade. (FRANCEINFO)

"Deux témoins présents sur place étaient pris à partie par plusieurs personnes comme étant susceptibles de connaître l'identité du tireur", a précisé le procureur. La police les a prises en charge, ainsi qu'une troisième personne "désignée par la clameur comme pouvant connaître l'agresseur". "Onze étuis ou douilles, ont été retrouvés sur la scène de crime, tirés par une arme semi-automatique, de type 22 long rifle", a-t-il ajouté.

Un mort et quatre blessés

Un adolescent âgé de 15 ans, grièvement blessé par balle à la tête lors de cette fusillade, est mort samedi, a annoncé le procureur de Poitiers, Cyril Lacombe. La victime avait été hospitalisée en état d'urgence absolue, son pronostic vital étant engagé. Quatre autres mineurs de 15 et 16 ans ont été blessés. Lors de sa conférence de presse, le procureur avait expliqué que les victimes habitaient toutes à Poitiers.

Un homme recherché activement

Une perquisition vendredi matin à Poitiers "a permis de découvrir sept munitions" et "des éléments partiels d'une arme démontée". Le logement visé "aurait été occupé par un homme dont l'identité est en cours d'identification". Présent depuis quelques semaines à Poitiers, il fait "l'objet de recherches actives", a souligné le procureur. "Les vidéosurveillances sont en cours d'exploitation et l'enquête de voisinage se poursuit", a-t-il ajouté, précisant que "plus d'une dizaine d'enquêteurs de la police judiciaire" sont mobilisés pour mener les investigations.

Des renforts envoyés sur place

"Pour ce week-end, l'Etat a envoyé des moyens supplémentaires en matière de CRS qui seront présents sur le quartier des Couronneries et sur l'ensemble de la ville", a annoncé sur franceinfo la maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy (EELV), vendredi soir. "Je pense que la population peut être rassurée", a-t-elle ajouté.

La maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, sur franceinfo, le 1er novembre 2024.
La maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, sur franceinfo, le 1er novembre 2024. La maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, sur franceinfo, le 1er novembre 2024. (FRANCEINFO)

"Des renforts de police sont en train d'arriver", a confirmé le préfet du département de la Vienne, Jean-Marie Girier, qui a parlé, sur franceinfo, de "plus d'une centaine de policiers présents sur place". "Nous aurons, vendredi soir, à la fois la CRS8 et la CRS84", deux compagnies de policiers spécialistes du maintien de l'ordre, en renfort des effectifs du département, précise-t-il. "C'est important de ne pas mettre des moyens importants juste une soirée, mais plusieurs jours durant".

"Instrumentalisation" du ministre de l'Intérieur, selon la maire de Poitiers

L'écologiste Léonore Moncond'huy, à la tête de la mairie de la ville, est revenue sur les propos de Bruno Retailleau, qui a initialement évoqué plusieurs centaines de personnes impliquées. "Le ministre a commis une faute et lorsqu'on porte la parole publique et a fortiori la parole d'un gouvernement, on doit être extrêmement prudent quant aux informations sur lesquelles on s'appuie", a-t-elle déclaré sur France Bleu Poitou, lundi.

Selon elle, "l'événement était suffisamment tragique en soi, il n'y avait pas besoin d'en rajouter avec des rixes, des bandes et ça ne correspondait en rien à la réalité du quartier, à la réalité de notre ville"

D'après l'élue, ces fausses informations ont servi à une "instrumentalisation de l'image d'un quartier et de l'image de notre ville, au service d'un discours alarmiste, populiste, et c'est extrêmement grave".

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