Narcotrafic : un chercheur salue "la prise de conscience salutaire" en France, mais juge "excessif" le terme de "mexicanisation"
Le terme "mexicanisation", utilisé par les ministres de l'Intérieur et de la Justice pour parler de l'état du trafic de drogues en France, est "excessif", estime vendredi 8 novembre sur franceinfo Bertrand Monnet, chercheur spécialisé dans l’économie du crime. Les ministres de l'Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Didier Migaud se rendent ce vendredi à Marseille pour annoncer des mesures destinées à renforcer la lutte contre le narcotrafic.
Avec la DZ Mafia, l'un des principaux groupes de narcotrafiquants marseillais, "on est bien loin de ce qu'est un cartel mexicain", poursuit le chercheur. "L'emprise du crime organisé en France est heureusement bien moins profonde que ce qu'elle est au Mexique", affirme-t-il.
"Prise de conscience salutaire"
Cependant, il juge que "la prise de conscience en France est tout à fait salutaire". "Réagir aussi vite nous permettrait d'éviter ce qu'il s'est passé en Belgique et aux Pays-Bas, qui n'ont pas voulu voir la réalité de la gangrénisation d'une partie de leur société par le crime, qui est devenu un crime organisé", détaille-t-il. "La 'Mocro Maffia' s'est développée parce que les pouvoirs publics n'ont pas eu cette prise de conscience que l'on voit aujourd'hui en France", note-t-il.
Pour lutter contre le narcotrafic, il suggère de travailler "en amont" et "en aval". Il faut d'après lui faire en sorte "que les narco ne puissent pas profiter de l'argent de leur crime". C’est-à-dire, comme le proposent les ministres, "renforcer la police financière, l'action des magistrats en matière de lutte contre la criminalité financière". "Mais ce n'est pas suffisant", prévient-il, "car les narco blanchissent une partie de leur argent en France, mais aussi par le biais de trust, et des paradis bancaires".
Par ailleurs, Bertrand Monnet propose d'agir "en pénalisant", mais aussi "en agissant sur la prévention", pour "faire comprendre au consommateur de ces produits leur dangerosité", avec "des campagnes de prévention massives". Le chercheur suggère aussi de "contraindre la production de cannabis", notamment au Maroc, "par une action diplomatique".
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