"Nous pensons qu'il y a une liberté d'importuner", revendique une des auteures de la tribune parue dans "Le Monde"
L'écrivaine et psychologue Sarah Chiche explique mercredi à franceinfo pourquoi elle a participé à une tribune dans "Le Monde", mardi 9 janvier, défendant "la liberté d’importuner" des hommes après les mouvements #Metoo et #balancetonporc.
Une centaine de femmes, dont l'actrice Catherine Deneuve, qui ne se reconnaissent pas dans le hashtag balancetonporc ont publié mardi 9 janvier une tribune dans Le Monde, défendant "la liberté d'importuner" pour les hommes, "indispensable à la liberté sexuelle". Selon elles, la "drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste".
Ecrivaine, psychologue clinicienne et psychanalyste, Sarah Chiche a participé à la rédaction de cette tribune. "Nous avons pensé qu'il était urgent de prendre la plume au risque de choquer", explique-t-elle mercredi sur franceinfo. "Nous pensons qu'il y a une liberté d'importuner. Pour pouvoir dire non à un homme, encore faut-il qu'il puisse faire une proposition et qu'il puisse la faire librement. Idem pour une femme. Une femme a tout à fait la liberté d'importuner sexuellement une autre femme ou un homme."
Pour pouvoir dire non à un homme, encore faut-il qu'il puisse faire une proposition
Sarah Chichefranceinfo
Sarah Chiche et les signataires de cette tribune refusent de mettre sur le même plan la drague lourde ou insistante et le viol. "Or, ce à quoi on assiste, c'est que des hommes, qui ont eu pour seul tort d'être un peu insistant en envoyant un texto salace ou en tentant de voler un baiser dans une soirée, se font dénoncer publiquement sur les réseaux sociaux exactement comme s'ils étaient des criminels sexuels."
Mais cette prise de position ne remet absolument pas en cause ce qui s'est passé après l'affaire Weinstein, affirme Sarah Chiche. "C'était extrêmement salutaire. Que des femmes prennent très courageusement la parole pour dénoncer une omerta qui avait lieu depuis des dizaines d'années dans ce milieu-là est une très bonne chose. Nous les applaudissons."
On peut choisir de ne plus se fossiliser comme victime, d'être plus forte.
Sarah Chicheà franceinfo
Cette tribune a pour objet d'indiquer qu'il "existe une autre parole". Elle explique que pour certaines femmes, les frottements dans le métro "sont un non évènement. C'est quelque chose d'extrêmement pénible, ça peut faire peur, simplement pourquoi en faire une maladie ? On peut choisir de ne plus se fossiliser comme victime, d'être plus forte."
Face aux critiques de nombreuses féministes, qui a leur tour ont publié une tribune mercredi sur franceinfo, Sarah Chiche maintient ses déclarations. "Je persiste, je signe. Je dis qu'il y a quelque chose de très grave qui se passe parce qu'au même moment, il y a un puritanisme et une censure des représentations artistiques qui a lieu."
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