"Je crois que j’aime les voitures encore plus que la mode !" : désormais autorisées à conduire, les Saoudiennes s’inscrivent en masse à la seule auto-école de Ryad
En Arabie saoudite où les femmes sont autorisées à conduire depuis dimanche, la formation est prise d'assaut, notamment à Riyad qui accueille la plus grande auto-école du pays.
Bien calée au fond du siège, les mains un peu crispées sur le volant, Hind, 45 ans, s’entraîne sur un simulateur. Dimanche 24 juin, son pays l'Arabie saoudite, royaume ultraconservateur de 32 millions d'habitants, a levé l'interdiction faite aux femmes de conduire. Son niqab et ses lunettes fumées ne lui facilitent pas la tâche, mais elle s’applique.
Mère de trois adolescentes, Hind est impatiente de passer son permis pour alléger sa dépendance et les factures. "J’ai besoin de quelqu’un pour aller au travail, pour emmener mes filles au collège. Pour nous quatre, c’est compliqué, explique-t-elle. Je dois parfois payer deux chauffeurs, ce qui me coûte trop cher. Quand je conduirai, je ferai des économies."
Cette apprentie de la conduite estime qu'"il est temps qu’on arrête ce système et qu’on fasse comme dans les autres pays".
Le nombre de formatrices va doubler
L'école de conduite où s'entraîne Hind est la seule de la capitale. Elle s'est d'ailleurs montée en quelques mois. Pour éviter les engorgements, le nombre de formatrices va doubler d’ici la fin de l’année.
Abrar, 26 ans, s’est portée volontaire à son retour des États-Unis, où elle venait de passer sept ans pour ses études en médecine. "Dans deux ou trois ans, sûrement, on trouvera normal de voir des femmes conduire, mais pour l’instant, quand mes élèves passent l‘examen, je suis super fière", lance-t-elle, persuadée que les changements vont aller au-delà du simple apprentissage. "C'est les rendre plus fortes, plus indépendantes pour qu’elles participent au développement du pays, comme les hommes."
Les leçons de conduite se déroulent sur l’immense campus dans des Toyota automatiques toutes neuves, mais quand elle conduira pour de vrai, Halah choisira un tout autre modèle. "Une Mercedes ou en deuxième choix, une Range Rover, parce que j’aime les voitures de luxe. J’espère pouvoir l’acheter d’ici six ou sept mois. Elle sera rouge profond, avec un système de navigation et une caméra embarquée, dit-elle. Je crois que j’aime les voitures encore plus que la mode."
Les concessionnaires se préparent à une forte augmentation des ventes de voiture et les économistes à l’arrivée des femmes sur le marché du travail. Mais les femmes restent sous tutelle masculine : tous les archaïsmes sont loin d’être levés.
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