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Les femmes "travaillent gratuitement" à partir de mardi à 16h47 : d'où vient cette date et est-elle fiable ?

Un collectif féministe affirme que les Françaises vont travailler gratuitemement à partir du mardi 5 novembre à 16h47, la faute aux écarts de salaire entre femmes et hommes. Pour arriver à cette date et cet horaire, elles ont procédé à un calcul.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

Selon Les Glorieuses, collectif féministe, l'écart de salaire entre les femmes et les hommes est tel que les Françaises devraient s'arrêter de travailler à 16h47 mardi 5 novembre si elles voulaient être à égalité avec leurs collègues masculins. Mais comment le collectif est-il arrivé à ce moment de l'année ?

A l'origine de ce calcul, il y a une femme, Rebecca Amsellem, économiste et fondatrice des Glorieuses. En 2016, elle s'inspire d'un mouvement initié par des femmes islandaises. A l'époque, ces Islandaises décident de quitter leur lieu de travail le 24 octobre à 14h38 pour protester contre les inégalités salariales entre les femmes et les hommes en s'appuyant sur un chiffre officiel, celui d'Eurostat, fixant à 14% l'écart de salaire femme/homme en 2010.

Depuis quatre ans, Rebecca Amsellem applique donc la statistique Eurostat à la France. En 2017, selon Eurostat, l'écart de salaire horaire brut moyen entre les femmes et les hommes était de 15,4%. Rebecca Amsellem a donc rapporté ce chiffre à notre calendrier, où cette différence salariale représente 38 jours payés en moins pour les femmes par rapport aux hommes.

Ce chiffre, je l'ai rapporté au nombre de jours ouvrés sur l'année 2019, ce qui m'a donné environ 38 jours ouvrés et c'est pour ça que cela m'a donné cette date du 5 novembre.

Rebecca Amsellem

Ce calcul est-il correct ?

Oui, en se basant sur la statistique Eurostat, le calcul des Glorieuses est bon. Mais il faut nuancer. Il existe plusieurs chiffres rapportant l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes. 

"C'est toujours très compliqué de mesurer l'écart de rémunération entre les femmes et les hommes", explique Hélène Périvier, économiste à l'OFCE et directrice d'un programme de recherche et d'enseignement des savoirs sur le Genre. "La rémunération, ça dépend exactement de ce que ça comporte", précise Hélène Périvier. Ainsi, si l'on prend la moyenne des salaires des hommes et des femmes en France, l'écart salarial tourne plutôt autour de 25%. Si l'on retient ce chiffre, les Françaises auraient donc dû s'arrêter de travailler dès début septembre. Mais, comme l'explique Hélène Périvier, "une grosse partie de cet écart est due au temps de travail. Les femmes travaillent plus à temps partiel. De fait, ça explique 40% de cet écart".

Selon les chiffres du secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes, à compétences et postes égaux, l'écart de salaire se réduit, mais reste tout de même de 9%. Rebecca Amsellem ne s'en cache pas, cette date du 5 novembre 16h47 est plus symbolique que scientifique mais n'en démontre pas moins, selon elle, la réalité des discriminations entre les femmes et les hommes dans le monde du travail.

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