: Reportage "C’est se dire je suis totalement égoïste" : malgré la culpabilité, le "momcation", vacances sans enfants, ni conjoint, commence à trouver un écho en France
Yvonne est américaine. Tous les deux ans, elle quitte sa famille pour des vacances entre copines. Elles se rendent "dans un hôtel avec spa, se font masser et mangent bien". Une seule règle d’or à respecter : "On ne parle ni des enfants, ni du mari".
Le concept américain des vacances pour mamans, "momcation", [contraction de "mom" (maman) et de "vacation" (vacances)], effraie encore beaucoup de mères de famille françaises. "Beaucoup trop de culpabilité ou trop de choses en tête pour partir", explique l’une d’elles.
Isabelle, bloggeuse-voyage, a pourtant franchi le pas et le revendique en riant : "C’est se dire je suis totalement égoïste, je fais ce que j’ai envie de faire". Isabelle a deux fils, de 8 et 12 ans, et un mari souvent en déplacement. Son quotidien ressemble donc à une grande lessiveuse. Alors, quand une amie prévoit un voyage en Corée du Sud en mars dernier, elle décide de s'y greffer. "On n'a plus à se soucier des enfants, leurs petits tracas, leurs bobos, leur fatigue", lâche-t-elle. Elle découvre le plaisir de voyager à son rythme, sans s'imposer les visites pour enfants du style parc de jeux ou aquarium. "Je pourrais faire un article sur tous les aquariums que j’ai visités. C’est vrai que j’en ai un peu marre, confie-t-elle. J’aime bien découvrir les ruelles, les marchés, les petits restos, les petites boutiques…"
Un retour difficile
Mais après deux semaines à bourlinguer, retour à Marseille et à la réalité : "On replonge très vite dans la routine."
"Ce que j’avais mis en place pendant mon absence, s’arrête. C’est à moi de reprendre tout de suite les rênes du foyer."
Isabelle, qui s'est offert une "momcation"à franceinfo
Cette étape du retour, un vrai frein pour beaucoup de femmes, explique une psychologue-clinicienne. "Parfois les femmes se freinent aussi par peur que finalement le travail, le ‘laisser-aller’ accumulé par le père, fait que le bénéfice de cette déconnexion serait totalement effacée dès le jour où on rentre chez soi et on voit que la maison est sens dessus dessous, que le linge n’a pas été fait…", explique Cécile Juban.
Mais le frein principal reste quand même "l’aspect financier", selon la psychologue. "Ce qui est déjà le cas dans une famille classique avec deux parents l'est encore plus quand on est une famille monoparentale. Les parents solos n’ont qu’un salaire pour nourrir leurs enfants, payer leurs vacances et les habiller donc penser à eux passe souvent au second plan". Une des solutions à moindre frais suggérées par Cécile Juban, peut être de s’offrir une parenthèse dans la famille ou chez des amis.
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