Bac 2015 : découvrez les corrigés de l'épreuve de philo des séries L, ES et S
Retrouvez tous les corrigés du bac 2015 sur Letudiant.fr
Série L
Sujet 1 : "Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?"
Problématisation possible :
"Toute conscience est conscience morale", disait Alain. Donc, c'est parce que nous sommes des sujets face à d'autres sujets humains que nous nous demandons ce que nous nous devons moralement de faire ou de ne pas faire, que nous ne pouvons pas agir sans tenir compte de prescriptions morales. La question que soulève ce sujet est donc celle de savoir, si cette morale peut – ou même – doit être étendue à tout être vivant. Ce « tout » pose à son tour deux questions : celle de savoir ce qui fait qu'un être vivant peut entrer dans le champs de considérations morales (en quoi peut-il être un « objet » de respect, ou plutôt « un sujet » digne d'être respecté ?) ET celle de savoir si le respect dépend de ce qui est à respecter (ce qui invite aussi peut-être à se demander si seulement certains êtres vivants ont droit au respect et donc à interroger ce qui impose en eux ce respect chez l'homme et donc sur la possibilité d'une relativité de ce respect) ou de celui qui se doit de respecter (nous respectons-nous en ne respectant pas les êtres vivants ? Un devoir moral implique-t-il chez l'autre un droit ? La morale est-elle asymétrique ou réciprocité ? ). Donc un sujet très riche qui invite à interroger les notions de respect, de morale et de vivant, mais qui pourrait aussi inviter à penser la différence entre l'éthique et la morale.
Il y avait plusieurs plans possibles pour traiter ce problème. Pour les découvrir, cliquer ici.
Sujet 2 : "Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?"
Problématisation possible :
Ce sujet invite à interroger la question de l’identité. On pourrait penser que ce que nous avons été participe de ce que nous sommes aujourd’hui, mais la question est justement de savoir quelle est la part de ce passé dans notre être et surtout dans notre définition de nous-mêmes par nous-même. La forme passive de « ce que mon passé a fait de moi » invite à interroger l’idée d’un déterminisme, l’idée d’un moi qui ne serait que l’effet, le résultat d’un passé qui n’est plus, qui m’échappe désormais, remettant ainsi en question l’idée d’une liberté, d’une responsabilité vis-à-vis de moi-même. Il s’agit donc de s’interroger sur la nature de ce « je », de ce moi que je suis, sur sa construction dans le temps et sur la possibilité de se définir, de se réduire à une identité faite. Suis-je fait une fois pour toute ou suis-je à me faire sans cesse ? Puis-je dire qui je suis ?
Il y avait plusieurs plans possibles pour traiter ce problème. Pour les découvrir, cliquer ici.
Sujet 3 : Texte de Tocqueville, De la démocratie en Amérique
Objet du texte :
Un texte original dans le sens où « la croyance dogmatique » est souvent considérée du point de vue de la connaissance, de la recherche de la vérité, comme quelque chose qui fait obstacle à celles-ci. La croyance dogmatique est donc vue comme ayant une valeur gnoséologique négative. Dans ce texte, Tocqueville propose de l'envisager non pas du point de vue de sa valeur de vérité, mais du point de vue de sa valeur pour l'existence, ici sociale, commune. La thèse du texte est claire, la vie en société exige un certain nombre de croyances communes considérées comme dignes de confiance et indiscutables. Tocqueville va justifier sa thèse à la fois par la nature de la société (lignes13/14) et par, semble-t-il, la nature de la recherche de la vérité (premier paragraphe). L'intérêt de ce texte est donc dans cette approche de la croyance comme valeur pour l'existence aussi bien collective qu'individuelle comme le suggèrent les dernières lignes du texte (21 à 23).
Le corrigé de l'explication de texte est à découvrir ici.
Série ES
Sujet 1 : "La conscience de l'individu n'est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ?"
L'usage ancien du mot conscience désigne l'intériorité morale comme dans l'expression « avoir bonne ou mauvaise conscience ». En ce sens, on peut tout à fait concevoir qu'elle ne définit pas tant l'individu que son rapport aux autres membres d'une société dont il fait partie. Bien plus, la conscience d'un seul serait influencée, serait le reflet dont la conscience collective serait l'archétype. En effet, quand on pense aux règles de morale, aux pratiques et aux fins que l'homme se propose, on ne peut guère nier le fait que c'est en tant que membre d'une communauté qu'il est un sujet, qu'il soit d'ailleurs agent ou assujetti aux règles de la moralité de son temps et de sa culture. Mais la conscience est définie, depuis Descartes, comme la saisie immédiate de la pensée, c'est-à-dire la connaissance de tout ce qui se passe en notre esprit. Ainsi est-elle ce qui est propre à chacun, ce qui relève de l'intimité, du moi et il suffirait de rentrer en soi même pour savoir ce qui se passe en notre esprit. Concernant la conscience au sens psychologique, le problème est donc de savoir si elle définit entièrement l'individu, ou s’il y a d'autres caractéristiques qui déterminent son identité. Qu'en est-il par exemple de notre rapport aux choses et aux êtres qui constituent le monde dans lequel je suis ? Ai-je vraiment conscience de cette détermination et suis-je vraiment maître de mes pensées et de mes actions si quelque chose influence ma propre intimité au point de faire de la conscience le reflet d'une société particulière ? On comprend qu'il en va de la liberté de chaque individu qui, n'étant qu'un reflet de la société à laquelle il appartient, perdrait cette souveraineté, celle de penser et avoir conscience de penser. N'est-ce pas ce qui, d'après les cartésiens comme Pascal, « fait la grandeur de l'homme » ?
Pour découvrir un plan possible pour traiter ce problème, cliquez ici.
Sujet 2 : " L'artiste donne-t-il quelque chose à comprendre ?"
Il est commun de donner à l'artiste un rôle, une mission en tant qu'être inspiré des muses, intermédiaire pendant longtemps entre les hommes et les divinités ou génie créateur. Cependant, ce rôle est critiqué en philosophie, dès l'origine de celle-ci par le geste d'ostracisme de Platon qui considère les artistes comme des charlatans et les exclut de sa République, son projet politique.
Pour ce philosophe, l'artiste nous éloigne de la vérité en nous faisant croire en la réalité d'un monde factice, en nous présentant des chimères dont il est lui même incapable de rendre compte. On sait qu'il faut attendre la période de la Renaissance pour qu'il soit reconnu et ait un droit de cité. Est-ce à dire que l'artiste ne nous apporte rien relativement à la compréhension du monde ? Est-ce faire de l'art une activité inutile, une sorte de divertissement futile et mensonger ? Car se demander si l'artiste donne quelque chose à comprendre, c'est, d'une part, lui assigner une tâche, un but, et d'autre part donner à son travail un enjeu dans le domaine de la connaissance. Quel serait alors ce « quelque chose » indéterminé dont seul l'artiste aurait le secret et qu'il nous livrerait comme un don ? S'agit-il dans le domaine esthétique de comprendre quelque chose qui par ailleurs nous échapperait ? Mais alors est-ce la compréhension de l'œuvre, de ce qu'elle exprime ou des idées de son créateur ou bien est-ce la réalité, le monde dans lequel nous sommes plongés qui nous est donné à comprendre ? Le monde n'est-il pas mieux appréhendé par d'autres modes de pensée comme la science ou la philosophie qui ont pour but la recherche du vrai ?
Pour découvrir un plan possible pour traiter ce problème, cliquez ici.
Sujet 3 : Texte de Spinoza, Traité théologico-politique
Quel est le fondement de la démocratie et quel but assigner à un État démocratique afin de préserver la liberté de tous les sujets qui le composent ? Telles sont les questions auxquelles Spinoza répond dans ce texte en montrant qu'il est paradoxal de penser que la liberté n'est que pure fantaisie et réalisation de ses désirs égoïstes, ce qui rendrait impossible la paix et la concorde. Mais alors comment envisager la démocratie et la liberté s'il est nécessaire d'imposer le droit par l'intermédiaire d'un souverain et d'exiger l'obéissance des individus sans cependant les tenir comme esclaves d'un pouvoir arbitraire ? Pour résoudre ce problème Spinoza envisage l'impossibilité d'obéir à des ordres absurdes, ce qui serait contraire au fondement et à la fin de la démocratie, puis la nécessité de commandements qui relèvent du droit. Enfin, c'est en opposant les deux définitions d'esclave et d'homme libre qu'il parvient à montrer que le seul fondement de la démocratie est la raison, garantie de la liberté et de l'accord des hommes entre eux.
Pour découvrir un plan possible pour traiter ce commentaire de texte, cliquez ici.
Série S
**Sujet 1 : "Une œuvre d'art a-t-elle toujours un sens ?"
Quelques pistes (non exhaustives) de réflexion sur ce sujet :**
Un sens = une signification, une direction.
Une œuvre d'art = la création d'un artiste.
A-t-elle toujours = est-ce dans son essence de, doit-elle nécessairement avoir en elle-même un « sens » ?
En créant son œuvre, l'artiste a-t-il l'intention de transmettre des « signes », un « message » comme le croit souvent l'opinion courante ?
L'œuvre serait-elle alors porteuse d'une « signification » précise qu'il conviendrait de déchiffrer ?
Par un effort intellectuel, il faudrait que le spectateur accède au message transmis grâce à la connaissance d'un code commun entre l'artiste et le public : il s'agit là d'une conception très étroite et naïve de l'art. On voit donc que dans ce sujet, ce qui est en jeu c'est la définition même de ce qu'est une œuvre d'art, de la liberté de l'artiste et de celle du spectateur/amateur d'art. En effet si l'œuvre doit par essence être porteuse d'un sens, alors elle devient un moyen (au même titre que n'importe quel système de signes) et l'artiste doit avoir pensé ce sens avant de la créer (à l'image d'un artisan).
Pour lire toutes les pistes, cliquez ici.
Sujet 2 : "La politique échappe-t-elle à l'exigence de vérité ?"
La politique : « polis » = la Cité. La politique c'est l'art de bien gouverner, en se référant à un idéal de justice, en se fondant sur la raison, la connaissance (cf. Platon), en visant l'intérêt général (cf. Rousseau). Mais c'est aussi l'art de gouverner en tenant compte des réalités, de manière à conquérir et conserver le pouvoir (cf. Machiavel).
La vérité : c'est l'accord du jugement à la réalité. C'est à la fois une exigence intellectuelle (n'affirmer vrai que ce dont je suis absolument certain) et morale (dire la vérité relève de la dignité humaine, le menteur est indigne de la confiance d'autrui).
Echapper : se soustraire à, faire exception à.
Le sujet nous interroge sur ce lien entre politique et vérité.
Pour lire tout le corrigé du sujet, cliquez ici.
Sujet 3 : Texte de Cicéron, extrait de De la divination
Quelques pistes générales (non exhaustives) pour l'analyse de ce texte :
Dans ce texte Cicéron s'interroge sur la connaissance rationnelle opposée à la superstition. L'homme est inquiet face à son avenir, il souhaiterait pouvoir l'anticiper afin de se rassurer. Pour cela il est tenté de croire à des « prédictions ». Cicéron procède à leur analyse critique.
Problème posé : Comment prédire quelque chose (un effet) dont la cause nous est inconnue ? Normalement, on ne peut anticiper avec certitude que si l'on connait la cause, l'événement déclenchant. Plus cette cause sera connue de manière rationnelle, plus on aura la certitude que l'effet va bien se produire.
Comment ceux qui pratiquent la « divination », c'est-à-dire les « devins », peuvent-ils prétendre prédire des événements alors qu'ils mettent en relation des événements a priori sans rapport les uns avec les autres (telle carte du jeu de tarot serait « signe » de chance ou de malchance, ou on pourrait lire dans les entrailles des animaux qui sera le vainqueur d'une bataille) ?
Pour lire tout le corrigé du sujet, cliquez ici.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.