Créteil : des enseignants témoignent avec le hashtag #pasdevague en soutien à leur collègue braquée par un élève
Près de 20 000 tweets ont été publiés ce week-end pour dénoncer l'absence de réaction de la part de la hiérarchie dans l'Education nationale face aux violences dans les établissements scolaires.
Son air blasé et le délai avec lequel elle a porté plainte en a surpris plus d'un. L'enseignante braquée par un élève avec une arme factice au lycée Edouard-Branly de Créteil (Val-de-Marne) semble d'un calme olympien sur les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux et a attendu le lendemain pour se rendre au commissariat. Pour nombre de ses collègues, cette attitude relève pourtant d'une certaine culture dans les établissements scolaires : celle de ne pas faire de vagues.
Selon la plateforme Visibrain jointe par franceinfo, près de 20 000 témoignages ont ainsi été publiés ce week-end sur Twitter avec le hashtag #pasdevague, en soutien avec cette enseignante. Objectif : dénoncer l'absence de réaction de la part de la hiérarchie dans l'Education nationale face à ces violences. Franceinfo a sélectionné plusieurs de ces témoignages.
Des agressions physiques et verbales non sanctionnées
Plusieurs enseignants racontent avoir été victimes d'agressions de la part d'élèves, la plupart du temps verbales mais aussi parfois physiques, non suivies de sanctions de la part du chef d'établissement (CDE), du conseil de discipline ou du rectorat.
#PasDeVague
— Jenny LARTAUD (@jenny_lartaud) 21 octobre 2018
On est tous aussi blasés que cette enseignante.
Il y a 2 ans, j'ai été littéralement harcelée par toute une classe de 4e : "si on ne vous suit pas dans les rangs, c'est parce que vous êtes trop petite, on ne vous voit pas !" 1/2
"Qui aime cette prof ? Levez la main : qui l'aime ! Ah ah, PERSONNE !" L'un d'eux s'amusait même à entrer dans ma classe pendant les intercours en s'approchant de moi jusqu'à mon bureau, sans un mot, menaçant...
— Jenny LARTAUD (@jenny_lartaud) 21 octobre 2018
J'ai bien dû me les coltiner jusqu'à la fin de l'année.#PasDeVague
J'aurais aimé être soutenue lorsqu'une élève, il y a qqs années, m'a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l'a pas même exclue. Et on m'a expliqué qu'il fallait prendre les choses moins à coeur. Voilà la réalité du terrain.#pasdevague https://t.co/ePEEDarko1
— Maelita (@maelialc) 21 octobre 2018
#PasdeVague Je me souviens aussi de ces 10 jours - et c'est long, 10 jours - au cours desquels j'ai dû aller en classe et retrouver face à moi l'élève qui m'avait agressée car, vous comprenez, en avril, on n'est pas loin du brevet, on ne va pas l'exclure.
— Marie.Tran (@Marie_Nanterre) 21 octobre 2018
Une élève m’insulte et me menace. Je fais un rapport à la principale. Elle me convoque pour une confrontation (sic) avec l’élève. Elle commence : « Alors Mme Lapnyx, cette élève se plaint que vous ne l’aimez pas... » Bref, c’était à moi de me justifier !!! #PasdeVague https://t.co/2oX0h4GdOy
— Lapnyx (@lapnyx) 21 octobre 2018
#PasDeVague Ces 6 élèves de 3ème qui ont fait de ma vie professionnelle un enfer il y a quelques années, véhiculant des rumeurs, me harcelant constamment, et ce sous le regard bienveillant de la CPE qui en rajoutait une couche dans les rumeurs, et du CDE qui ne disait rien.
— Shinycolours (@Shinycolours33) 21 octobre 2018
Une culture de l'omerta dans les établissements
De manière plus générale, les témoignages publiés avec le mot-clé #pasdevague dénoncent une culture de l'omerta dans les établissements, avec le souci, de la part de la hiérarchie, de ne pas faire remonter les incidents, pour ne pas ternir la réputation du collège ou du lycée. Certains de ces enseignants dénoncent une forme de fatalisme de la part de leur direction.
Le Hashtag #PasDeVague : comment, en 2018, les réseaux sociaux peuvent rompre en une seule soirée des années d'omerta dans l'Education Nationale
— Transparency Education Nationale ✊ (@TransparencyEN) 21 octobre 2018
OK pour les #ÉlémentsDeLangage, mais in situ, dans nos établissements, l’institution est plutôt enclin à ramener en classe les élèves exclus, refuser les conseils de discipline, rejeter la faute sur les enseignants...#PasdeVague https://t.co/drOwfrT6NV
— Le Contrevenant de La Horde (@AlexTerieurHG) 21 octobre 2018
Depuis quelques années, quand en réunion les problèmes de violence, de manque de respect ou l’augmentation des incivilités sont évoqués, la réponse des chefs est de dire qu’il ne faut pas hésiter à muter, voire à changer de métier même car « les élèves ont changé ». #PasdeVague
— Mister Adien (@Mister_Adien) 21 octobre 2018
Le problème de la violence dans les établissements scolaires se résume à ceci : tant que les chefs d’établissement préfèreront ne pas réagir pour ne pas avoir à faire remonter les incidents, ceci pour se faire bien voir de leur hiérarchie, la violence continuera. #pasdevague
— LeChat (@sandlry) 21 octobre 2018
#PasDeVague rien à ajouter. Tant que les CDE et les recteurs préféreront assurer leur réputation, les victimes de violences qu’elles soient issues des élèves ou des personnels n’obtiendront jamais justice, au mieux, elles devront changer d’étabs. Les harceleurs tout puissants. https://t.co/ihmuJpTXS1
— Muriel de Chypre (@Muriel2Chypre) 21 octobre 2018
Des élèves eux aussi victimes de violences non punies
Dans ces messages postés sur Twitter, il n'est pas que question de violences faites aux profs. Les élèves apparaissent eux aussi comme victimes et les sanctions espérées ne sont pas toujours à la hauteur.
#PasDeVague Trois élèves agressent sexuellement un de leurs camarades (pénétration par objet). Le conseil de discipline les vire définitivement. Quelques jours après, le rectorat impose le retour d'un des auteurs dans la même classe que la victime.
— Muriel A (@MAndreievna) 21 octobre 2018
Je me revois il y a 10 ans plonger dans cette bousculade dans le couloir pour y repêcher un élève qui se faisait piétiner. Je l'ai sorti de là l'oreille en sang. Le lendemain, convocation dans le bureau de la cheffe : j'étais coupable de "défaut de surveillance". #PasDeVague
— Marie-Laure GB (@MarieLaureGB) 22 octobre 2018
Un élève aux gestes déplacés et répétés sur des jeunes filles de 6e : "un suivi sera mis en place, il a le droit à une scolarité" #PasDeVague
— Sophie Malo (@Sofiotte) 21 octobre 2018
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