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Des lycéens de Noisy-le-Sec au Maroc : un voyage contre l’oubli et l’ignorance

Voyager, pour combattre les préjugés. A l'occasion de la semaine de lutte à l'école contre le racisme et l'antisémitisme, des élèves du lycée Théodore Monod de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) sont partis à Casablanca, à la rencontre d'anciens tirailleurs marocains ayant participé à la libération des camps de la Seconde guerre mondiale.
Article rédigé par Célia Quilleret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Laura et Djaka, lycéennes en Seine-Saint-Denis, attentives face à ces anciens tirailleurs © Célia Quilleret - Radio France)

"Notre devoir est de ne pas les oublier."  Le visage solennel, Laura lit un texte devant deux anciens combattants de la guerre 39-45 : d'anciens tirailleurs, vêtus de leurs habits traditionnels marocains et couverts de médailles. Dans ce cimetière militaire de Casablanca, les élèves du lycée professionnel Théodore Monod de Noisy-le-Sec découvrent une page de l’histoire. Plus de 90 000 Marocains ont en effet contribué à la victoire des alliés, "volontairement ", par souci de "liberté ", et "à la demande de sa majesté le Ro i", expliquent les anciens tirailleurs.

Des grands-pères qui se sont battus pour la France

Pour les élèves, ces témoignages sont très forts. Surtout quand les anciens -qui pourraient être leurs grands-pères- expliquent que ces jeunes ont "des raisons d’être fiers d’être Français" . Et cette rencontre résonne avec l’actualité. Des élèves se demandent en effet comment des Franco-Marocains qui partent faire le djihad peuvent "oublier que leurs grands-pères se sont battus pour la France".

REPORTAGE | Célia Quilleret a suivi les lycéens de Noisy-le-Sec en voyage à Casablanca

 

À la fin de la cérémonie, devant les embrassades entre ces anciens tirailleurs et ces lycéens, l’enseignante d’anglais Samia Essabaa, très investie dans ce voyage, ne cache pas son émotion. Elle estime que ses élèves n’auront plus les mêmes préjugés. Elle a accompli sa mission.

"On a contribué à quelque-chose. Les élèves ne connaissaient pas leur histoire. Ils sont venus récupérer leur patrimoine".

  

Et pour que le voyage soit complet, ces élèves de Noisy se sont également rendus au musée du judaïsme de Casablanca, une exception dans les pays arabes. Un moment très fort aussi, surtout quand la conservatrice, une Marocaine musulmane détaille l’histoire des trois religions monothéistes. Elle raconte qu’au Maroc, juifs et musulmans ont appris à vivre ensemble depuis plusieurs siècles. Les élèves l’interrompent : "Madame, c’est pas pareil en France ! "

Une leçon de respect des religions et des cultes

Ils sont d’autant plus surpris d’apprendre qu’au Maroc, le roi a protégé les juifs pendant la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, de nombreux juifs sont partis du Maroc, mais de jeunes musulmans préparent des thèses sur le judaïsme marocain. Une véritable leçon de respect des religions et des cultures. Laura, qui est très affectée par les tensions religieuses en France, retrouve le sourire. Elle n’est pas certaine que les mentalités changent en France, mais elle assure que les élèves de sa classe ont compris qu’il y avait finalement bien peu de différences entre ces deux religions monothéistes. Pour les enseignants du lycée Théodore Monod qui les ont accompagnés, ces élèves ne seront plus jamais comme avant.

  (Ces élèves ont également visité la crypte du cimetière militaire de Casablanca où reposent 11.000 corps © Célia Quilleret - Radio France)
 

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