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Évaluations scolaires : le syndicat d'enseignants SNUipp-FSU juge "inquiétant" le niveau de lecture des élèves de 6e

À l'entrée en sixième, près d'un élève sur deux n'a pas le niveau requis en lecture. Des résultats qui chutent à un tiers pour les collégiens en éducation prioritaire renforcée.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Des élèves lisent en classe, à Thionville (Moselle), en 2019. Photo d'illustration. (PIERRE HECKLER / MAXPPP)

Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, a jugé mardi 16 novembre sur franceinfo le niveau de lecture des élèves de 6e "inquiétant" et prôné un changement de "mode de fonctionnement de la politique éducative en France". Les résultats des évaluations du primaire, présentés par le ministère de l'Éducation nationale, révèlent que globalement, les élèves de CP et CE1 ont retrouvé les niveaux d'avant le premier confinement où les classes avaient fermé trois mois à cause du Covid-19. Mais seulement la moitié des élèves de 6e ont le niveau attendu. On tombe à un tiers en éducation prioritaire renforcée.

franceinfo : Comment jugez-vous cette évaluation sur le niveau des élèves ?

Guislaine David : On est avec ces évaluations sur des compétences de haut niveau en lecture qui ne sont pas atteintes. Les écarts sont creusés entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire sur ces compétences-là. Cela veut dire qu'effectivement, lire, c'est comprendre. Il faut travailler ces compétences sur la compréhension et ne pas focaliser comme on le fait actuellement et comme la politique du ministre le fait actuellement sur l'oralisation de la lecture et sur la fluidité de la lecture. Cela ne fait pas tout. Bien évidemment, il faut comprendre ce qu'on lit pour avoir ensuite les compétences requises dans tous les enseignements.

Le dédoublement des classes de CP et CE1 dans les quartiers difficiles n'a pas eu d'effet ?

Les effets du dédoublement n'ont pas atteint les objectifs de la lutte contre les inégalités. Cela veut dire que ça ne fait pas tout. Il faut aussi avoir des pratiques d'enseignement qui soient portées sur la compréhension en lecture. Il faut aussi la formation des enseignants. Et puis le dédoublement s'est accompagné d'une méthode prescriptive, de méthodes toutes faites pour apprendre. On voit bien que ce n'est pas cela qui fait que les élèves progressent. C'est un tout. Et n'oublions pas que nos élèves d'éducation prioritaire, ce sont ceux qui sont aussi socialement le plus défavorisés et donc, ce n'est pas suffisant pour améliorer leurs compétences.

Le niveau de lecture des élèves de sixième est-il alarmant ?

C'est inquiétant. Cela veut dire qu'il faut changer le mode de fonctionnement de la politique éducative en France. Il faut axer sur autre chose, c'est-à-dire qu'il faut travailler sur les compétences de niveau, les compétences en compréhension en lecture. Cela veut dire aussi la résolution de problèmes. On voit que c'est là où les écarts se creusent. Si l'on veut que les élèves réussissent après la sixième, il faut travailler ces compétences en compréhension, c'est essentiel. Donc, il faut modifier les pratiques. Et puis, il faut donner plus aux élèves. On a vu qu'il y a quelque chose qui est abandonné depuis quelques années, c'est le dispositif "Plus de maîtres que de classes", un enseignant supplémentaire dans les écoles pour aider justement à avoir un double regard sur les élèves. Il faut revenir à ces pratiques pour pouvoir justement faire évoluer nos élèves.

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