Harcèlement scolaire : "Est-ce que l'administration est devenue un robot ?", s'interroge la présidente de "La Voix de l'Enfant"
"Est-ce que l'administration est devenue un robot ?", s'est interrogée dimanche 24 septembre sur franceinfo, Martine Brousse, présidente de "La Voix de l'Enfant", qui a décidé de se constituer partie civile dans l'affaire du suicide de Nicolas, un lycéen de Poissy harcelé depuis des mois. L'ex-rectrice de l'académie de Versailles a fait son mea culpa après le courrier "inadmissible" reçu par les parents de l'adolescent. Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal est attendu au rectorat de Versailles dans la matinée du lundi 25 septembre "pour faire le point avec le nouveau recteur".
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franceinfo : Les parents de Nicolas n'ont pas été les seuls à recevoir une lettre menaçante de la part du rectorat, il y a également d'autres parents d'enfants harcelés ou victimes d'attouchements sexuels. Quelle est la situation sur ce sujet d'après vous ?
Martine Brousse : C'est toute la question en découvrant ces révélations sur le premier courrier absolument honteux et d'un manque d'humanité total. Il y a eu un deuxième courrier, un papa s'est exprimé et nous nous interrogeons : est-ce un principe dans tous les rectorats ou est-ce qu'il y a quelques rectorats comme celui de Versailles qui agissent de la sorte ? Je m'étonne des propos de cette ancienne responsable du rectorat de Versailles. Elle présente des excuses, mais c'est au-delà des excuses. Il y a la mort d'un jeune, les parents. La teneur de tels courriers ne témoigne-t-elle pas de l'inhumanité de l'administration de l'Éducation nationale ?
L'ancienne rectrice assure qu'elle n'était pas au courant de ces courriers. Est-ce surprenant ?
Cela veut dire que c'est une administration verticale. La tête n'est pas là et il n'y a plus rien qui suit. Je ne peux pas imaginer 30 secondes qu'un recteur n'a pas des collaborateurs à ses côtés qui puissent l'en informer. C'est pour ça que je parle d'inhumanité.
Est-ce que l'administration est devenue un robot ? Est-ce qu'on appuie sur un bouton pour envoyer un courrier à des familles ?
Martine Broussefranceinfo
Il faut qu'on remette l'enfant au cœur de l'institution (l'Éducation nationale). Ce qui permet de faire circuler l'information, de s'interpeller, de poser un regard humain sur une situation de parents, d'enfants, c'est la transversalité. Apparemment, là, nous sommes dans un rectorat en verticalité. C'est pour ça que je parle de déshumanisation. Quelle violence, quelle dureté pour des parents que ce premier courrier, et des menaces de poursuite. Peut-être sont-ils en difficulté, mais est-ce qu'on ne va pas d'abord vers du dialogue, de la rencontre ? Qu'est-ce que c'est que cette perte de la volonté humaine ?
Des parents ont reçu ces courriers, mais des associations, dont la vôtre, ont reçu des lettres de ce genre pour avoir trop alerté sur des cas d'enfants en détresse ?
Plusieurs de nos associations ont reçu des courriers de suspension [de la part de rectorat] parce qu'elles faisaient trop de signalements. Ces associations qui interviennent dans les classes pour parler des droits de l'enfant, mais aussi pour prévenir des violences que les enfants peuvent subir, souvent, voient à la fin d'une intervention un ou deux jeunes qui viennent faire des révélations. Immédiatement, une information est donnée à l'enseignant ou au chef d'établissement et un signalement peut être fait directement au procureur. Une de nos associations dans les Pyrénées-Orientales a vu ses interventions suspendues parce qu'elle faisait trop de signalements. Ce n'est pas la seule, cela a eu lieu en Bretagne aussi.
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