"Le lycée va perdre de son excellence" : la fin de la sélection sur dossier pour Henri-IV et Louis-Le-Grand fait réagir élèves et parents parisiens
C'est la fin du recrutement sur dossier pour les élèves parisiens dans les lycées prestigieux du coeur de Paris. Objectif de l'académie : davantage de mixité sociale grâce à des points bonus données aux boursiers et selon le lieu de résidence. Autant de changements pas forcément vus d'un bon œil dans le 5e arrondissement.
C'est une vraie révolution qui s'opère dans les deux lycées d'excellence parisiens Henri-IV et Louis-Le-Grand, dans le 5e arrondissement : finie la sélection sur dossier pour l'entrée en seconde, l'académie de Paris exige plus de mixité sociale au sein de ces deux établissements. En effet, lorsqu'on interroge les élèves devant les grandes portes rouges du lycée Henri-IV, la plupart habitent le cinquième arrondissement et ont été reçus grâce à leurs excellentes notes de l'année dernière, environ 18 ou 19 de moyenne générale.
Ce nouveau mode de recrutement, sans dossier et en passant par la plateforme Affelnet comme pour les autres lycées parisiens, ne plaît pas forcément : "Le lycée va perdre de son excellence, explique une élève, car si seuls les points géographiques comptent, que tu aies des bonnes notes ou pas, ça ne compte pas énormément." Laura habite en banlieue, à Vitry-sur-Seine, et n'est pas convaincue non plus.
"Dans ma ville, il n'y a pas beaucoup de lycées d'excellence. C'est une chance pour moi d'être à Henri-IV et du coup, il y en a qui habitent loin et qui ne pourront plus avoir cette chance !"
Laura, élève à Henri-IVà franceinfo
Vincent, en troisième, a peur que son dossier ne suffise plus pour entrer au lycée. "Au début, j'avais beaucoup d'espoir d'aller à Henri-IV, mais plus maintenant. Parce qu'Affelnet va surtout sélectionner des boursiers qui viennent d'autres quartiers."
Cette maman d'élèves a vu ses deux premiers enfants passer le bac à Henri-IV. Le troisième est au collège et ne suivra peut-être pas la trace de ses aînés, finalement. "Le souci de mixité sociale du rectorat est tout à fait appréciable mais il ne faut pas que ça aille de paire avec la mixité scolaire, explique-t-elle. Les enseignants vont sûrement être en face d'élèves qui seront différents de ce qu'ils avaient jusqu'à présents et donc ils vont devoir s'adapter"
Mieux représenter "la réalité sociale française d'aujourd'hui"
Différents oui, puisque pour l'instant les lycées Henri-IV et Louis-Le-Grand n'accueillent que 8% d'élèves boursiers, trois fois moins que dans le reste de l'académie de Paris. C'est anormal, explique Claire Mazeron, directrice académique : "Ça posait quand même un problème de savoir si ce n'était pas la procédure de recrutement sur dossier qui freinait cette ouverture sociale. Parce que la constitution d'un dossier pour les familles qui sont les plus éloignées de l'école, ce n'est pas évident et c'est souvent une étape qu'elles hésitent à franchir. Il était important que ces deux établissements, qui sont un phare national, soient représentatifs de leur académie et aussi de la réalité sociale française d'aujourd'hui."
Plus de dossier à constituer pour les Parisiens, donc. En revanche, les collégiens d'autres départements pourront encore en déposer un : ils ont jusqu'au 8 avril pour l'envoyer.
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