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Les stagiaires de 3e s'ennuient-ils vraiment en entreprise ?

Passage obligé de la scolarité, cette plongée dans le monde professionnel ne rime pas toujours avec ennui et déception. Témoignages.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pour certains collègiens, le stage de 3e est une longue semaine ennuyeuse. (  MAXPPP)

Ils errent dans les couloirs, font des selfies dans le hall de France Télévisions, s'ennuient et le font parfois savoir un peu trop bruyamment. "Les gens qui ont pas encore leurs stage, n'allez pas au Figaro si vous voulez pas vous faire chier", a lâché, mercredi 17 décembre, une stagiaire de 3e sur Twitter, oubliant un peu vite que ses collègues de la semaine pouvaient tomber sur ce coup de gueule. Une rapide recherche sur le réseau social permet de constater qu'elle n'est pas la seule collégienne de 14 ans à s'ennuyer ferme en cette période de stage.

Ce passage en entreprise sert-il encore à quelque chose ? Tous les stagiaires se font-ils "chier" ? Francetv info leur a posé la question.

Ceux qui ne font "pas grand chose"

Paul n'a pas de chance. En stage dans une agence immobilière, il est tombé sur "une semaine très calme". Ses collègues n'ont pas beaucoup de travail, et encore moins de choses à lui faire faire. Vendredi, il participera à sa première visite d'appartement de la semaine. En attendant, il joue au ping-pong pendant les pauses déjeuners. Le reste du temps ? "J'écris des cartes de vœux pour les clients de l'agence ou je fais mon rapport de stage, explique-t-il. Je m'attendais à mieux, mais ce n'est pas catastrophique."

Aria passe la semaine dans une clinique. Il a du mal à trouver les bons côtés de son stage : "Je sais mieux comment ça se passe, la vie en entreprise", "je fais quelques petits trucs"... Il se montre en revanche plus prolixe quand il s'agit d'évoquer les aspects négatifs. "On n'a pas tout le temps des choses à faire, on s'ennuie un peu", confesse-t-il, expliquant tuer le temps en discutant avec ses camarades stagiaires. En début de semaine, il était plus direct dans un SMS envoyé à un ami : "mdr je fais rien, je me balade dans les couloirs, les gens croient que je suis médecin".

Ceux qui trouvent ça "intéressant, mais..."

Killian et Lucas font partie des quelque 80 stagiaires de troisième accueillis par France Télévisions cette semaine. Ils sont contents d'être là, de "parler avec des gens qui passent à la télévision" et d'y passer eux-mêmes. Ils attendent avec impatience la diffusion du jeu télévisé "Harry" : un passage sur le petit écran rentabilise amplement à leurs yeux ce stage.

Mais, "je pensais qu'on aurait un peu plus de travail", glisse Lucas. "C'est intéressant, mais on est trop nombreux, donc le tuteur ne peut pas s'occuper de tout le monde", développe Killian. Les places pour partir en tournage avec les équipes de France 2 ou France 3 sont chères et puis, de toute façon, "il faut se lever tôt", souffle-t-il. 

Margot n'a pas connu ce problème lors de son stage, en février, dans un cabinet vétérinaire de Nantes (Loire-Atlantique) où travaillent cinq personnes. "Ils ne m'oubliaient pas, ils ne me laissaient pas toute seule dans un coin", raconte-t-elle. Pendant trois jours, elle assiste aux opérations et s'occupe des animaux du chenil. "Ça m'a beaucoup plu, c'est un métier que je pourrais faire plus tard, poursuit-elle. Mais je m’ennuyais un peu parfois. C’est bien d’observer, mais sans rien faire, c’est pénible." La jeune fille estime qu'elle se "situe au milieu. Des gens ont trouvé leur stage complètement nul, d’autres ont fait des trucs beaucoup mieux que moi".

Ceux pour qui "c'est beaucoup mieux que le collège"

C'est le cas de sa copine Alice, qui a fait son stage dans une maternité parisienne. "J'ai vu plusieurs métiers : pédiatre, sage-femme. J'observais tout et elles essayaient de m'impliquer, raconte-t-elle. Par exemple, une fois, j'ai recoupé le cordon ombilical du bébé, parce qu'il était encore trop long." "C'était bien d'être là. Par rapport à d'autres, j'étais plus impliquée et mieux accueillie", reconnaît-elle.

Kevin passe, lui, la semaine avec l'équipe d'Anarchy, la fiction de France 4. "Je n'ai pas mis la main à la pâte, mais j'ai vu comment ça marchait, se félicite le jeune homme, qui a assisté au tournage. Quand je parle avec des gens, ils me disent : 'J'aurais préféré rester au collège'. Alors que moi, non, je préférerais venir tous les jours ici."

Ylan est, lui aussi, satisfait. "C'est beaucoup mieux que ce que font mes potes. Certains sont dans des garages où il faut porter des pneus toute la journée et faire des trucs qui ne t'apprennent rien", explique-t-il. Lui a atterri dans une start-up parisienne spécialisée dans le conseil et les applications mobiles. Après un premier jour ennuyeux, il se fait maintenant la main sur le logiciel de retouche d'images Photoshop et a créé une page web sur le basket. "Ici, je fais du travail concret, ça me plaît tout ce qui est informatique", se réjouit-il, juste après avoir lâché : "Franchement, le collège, ça prend la tête".

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