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Lycée professionnel : "C'est une transformation qui pose beaucoup de questions", estime le président de la FCPE

Le président de la Fédération des conseils de parents d'élèves Grégoire Ensel redoute un déséquilibre entre enseignements fondamentaux et stages en entreprise.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron lors de la présentation de la réforme du lycée professionnel, devant les élèves du lycée Bernard-Palissy de Saintes, en Charente-Maritime. (THIBAUD MORITZ / POOL)

"On a beaucoup de questions par rapport à cette transformation", prévient le président de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) Grégoire Ensel, jeudi 4 mai sur franceinfo, après la présentation par Emmanuel Macron de la réforme du lycée professionnel lors d'une visite dans lycée de Charente-Maritime. "C'est une cause nationale", a assuré le président de la République, qui veut une indemnisation des stages des lycéens entre 50 et 100 euros par semaine ainsi que l'allongement de leur durée. La mesure fait craindre au président de la FCPE un affaiblissement des enseignements fondamentaux en classe : "Il ne faut pas que l'on sacrifie ces apprentissages essentiels au profit de périodes de stages en entreprise", tempère-t-il.

>>  Réforme du lycée professionnel : ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron

franceinfo : "Le système actuel est mal fichu", a déclaré Emmanuel Macron. Est-ce que vous partagez le constat du chef de l'État ?

Grégoire Ensel : On a beaucoup de questions par rapport à cette transformation. Ce n'est pas une réforme qui est annoncée, mais une véritable transformation du lycée professionnel qui pose beaucoup de questions, par exemple sur la durée des stages ou de la place en entreprise. On a une crainte, c'est qu'en augmentant les stages pour des élèves qui souhaiteraient ne pas poursuivre dans l'enseignement supérieur cela conduise à leur retirer des enseignements fondamentaux qui permettent de comprendre le monde, de savoir écrire, compter et connaître l'histoire du pays, d'avoir des éléments clé qui permettent d'être pleinement citoyen. Le lycée pro a toujours oscillé entre ce rapport à l'entreprise et ce rapport aux savoirs fondamentaux. Si on veut que les lycéens d'aujourd'hui puissent avoir les armes pour être de bons professionnels demain, il ne faut pas que l'on sacrifie ces apprentissages essentiels au profit de périodes de stages en entreprise qui ne sont pas toujours très réussies.

Augmenter la durée des stages pour mieux connaître le monde de l'entreprise, c'est important pour ces jeunes ?

C'est une question d'équilibre à trouver. Il faut que l'on propose des stages qui vaillent le coup, qui soient bien encadrés. Se pose aussi la question de la mobilité, des moyens que l'on a pour aller en stage un peu plus loin de chez soi, trouver un hébergement, mais également aussi trouver une entreprise qui fasse sens par rapport à son projet professionnel et que l'entreprise joue le jeu. On parle de mentorat, d'accompagnement, c'est essentiel. 

"Et je crois aussi qu'il est important de rappeler qu'on a affaire à des élèves mineurs. De ce fait, le champ des choses possibles dans l'atelier est souvent très restreint. On voit bien qu'il y a des stages qui sont bloquants parce qu'on a plus souvent des stages d'observation que réellement de pratique du métier."

Grégoire Ensel, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves

à franceinfo

Autre nouveauté parmi ces annonces, celle de cette gratification des stages par l'État, entre 50 et 100 euros par semaine. Est-ce que cela va permettre de valoriser ces élèves ?

Alors on peut entendre effectivement cet argument auquel seront sensibles les familles et les élèves. Néanmoins, il faut qu'on soit attentifs à ce que cette gratification ne donne pas parfois l'occasion de venir combler des besoins de main d'œuvre sur certains bassins d'emplois, en ayant des stagiaires qui arrivent peut-être de façon plus large avec un flux supérieur à aujourd'hui. Il faut bien qu'on encadre ces stages, cet accompagnement, l'objet du stage, l'évaluation et le sens de ce stage par rapport au jeune tout en lui offrant les possibilités d'être en mobilité et d'aller faire des formations en dehors de son bassin de vie.

Est-ce que le gouvernement se donne réellement les moyens d'améliorer ce qui se passe dans les lycées professionnels, de lutter pour plus d'insertion et contre le décrochage ?

On voit qu'il y a effectivement une volonté. Néanmoins, quel est le projet de société pour l'école ? Il faut absolument qu'on se pose collectivement cette question pour le lycée pro, pour l'enseignement général, de la maternelle au lycée. Aujourd'hui, on voit beaucoup de réformes du collège au lycée sur tous les secteurs, mais on n'arrive pas à avoir ce partage global d'un sens et d'un projet de société pour l'école. C'est ce qu'on demande à la FCPE depuis plusieurs mois. On tient absolument à ce que la société définisse son projet de société pour l'école et lui en donne les moyens plutôt que de fonctionner comme ça, par petites touches, par réforme ou par transformation.

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