Mineurs privés de liberté : "Ils ont 4 à 5 fois moins d'heures de cours", déplore la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté

Dominique Simonnot appelle le gouvernement à "réarmer le sens civique des enfants enfermés en donnant aux professeurs les moyens de leur apprendre quelque chose".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), le 31 janvier 2024 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

Dans son dernier avis publié mercredi 31 janvier, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Dominique Simonnot, dénonce sur France Inter la situation "totalement anormale" de l'enseignement dispensé aux mineurs privés de liberté, qui ont notamment "4 à 5 fois moins d'heures de cours que leurs camarades de dehors".

Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal annonce un "réarmement civique" au programme pour l'Éducation. Dominique Simonnot appelle le gouvernement à "réarmer le sens civique des enfants enfermés en leur apprenant quelque chose, en leur donnant les cours et en leur donnant les moyens, en donnant aux professeurs les moyens de leur apprendre quelque chose".

Ces jeunes, explique Dominique Simonnot, "sont déjà abîmés par la vie" et même "ont déjà des parcours de vie totalement chaotiques pour la plupart, relèvent de placement à l'Aide sociale à l'enfance. Ils sont passés par toutes les vicissitudes d'une vie et ils arrivent dans ces centres ou en prison, et là, ils n'ont pas les heures de cours adéquates" alors qu'ils sont déjà en situation de grande difficulté scolaire, voire de rupture scolaire.

On donne moins de chances aux enfants "difficiles"

La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté évoque par exemple la question des vacances scolaires, qui "n'existent pas dans les lieux de privation de liberté" pour les enfants, mais sont prises par leurs enseignants. "Pourquoi on ne réarme pas ça ?", interroge Dominique Simonnot, plaidant pour la création d'un statut du professeur en lieu de privation de liberté et pour que l'État apporte des moyens pour le remplacement de ces enseignants qui est inexistant dans ces établissements. "Il n'y a pas assez de profs", explique-t-elle, décrivant une situation bien pire que dans l'enseignement dit "normal".

Même si, de l'avis du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, le suivi scolaire en milieu fermé s'est amélioré ces trois dernières années, Dominique Simonnot pointe du doigt le manque de moyens des enseignants dans ces structures : manque d'équipements, salles trop petites, pas d'accès à Internet. "Il y a une réalité à laquelle on est confronté, qui est que ces enfants qui sont plus difficiles que les autres, qui ont moins de chances que les autres, on leur donne moins de chances qu'à d'autres", dénonce-t-elle. La sortie de ces établissements et le retour dans l'enseignement classique ne peut donc être que "très compliqué".

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