Postes de professeurs non pourvus : "La clé numéro un, c'est la question des salaires", souligne le syndicat Snes-FSU
Pierre Priouret, professeur de mathématiques et secrétaire général du Snes-FSU à l'académie de Toulouse, s'inquiète jeudi sur franceinfo d'une forte dégradation de l'attractivité des métiers d'enseignants, en mathématiques en particulier.
Tous les postes ouverts aux différents concours pour devenir professeur ne seront pas pourvus cette année, selon les premiers résultats publiés ces derniers jours. Le problème n'est pas nouveau, mais il est loin de se régler. Plusieurs disciplines de collège et lycée sont particulièrement concernées, notamment les maths, ou l'allemand. Pour Pierre Priouret, professeur de mathématiques et secrétaire général du Snes-FSU à l'académie de Toulouse, interrogé jeudi 12 mai sur franceinfo, "il y a des phénomènes inquiétants qui s'accumulent depuis plusieurs années (...) On n'est pas dans un effet strictement annuel, conjoncturel, exceptionnel". Selon lui, "la clé numéro un, c'est la question des salaires".
franceinfo : Ce phénomène de postes d'enseignants non pourvus vous inquiète-t-il ?
Pierre Priouret : Il y a un effet mécanique, mais il y a surtout des phénomènes inquiétants qui s'accumulent depuis plusieurs années qui montrent qu'on est dans une dégradation très forte de l'attractivité des métiers d'enseignants, en mathématiques en particulier, mais pas seulement. Et on n'est pas dans un effet strictement annuel, conjoncturel, exceptionnel.
Ce métier-là, et particulièrement les mathématiques peut-être, n'attire plus ?
Ça fait plusieurs années que nous tirons la sonnette d'alarme sur la nécessité de recréer un vivier d'étudiants susceptibles de se destiner au métier d'enseignant. La clé numéro un, c'est la question des salaires. Parce qu'aujourd'hui, un enseignant débute à peine un peu plus de 10% au-dessus du Smic. C'est très insuffisant pour ce niveau de recrutement, qui est quand même, rappelons-le, à bac+5. Et puis il y a un manque de visibilité, puisqu'on n'a pas de programmation pluriannuelle des recrutements. Donc, c'est compliqué aujourd'hui pour un jeune de s'engager dans des études aussi longues pour un salaire aussi faible à l'embauche.
Est-ce que vous êtes inquiet pour la rentrée prochaine ?
Déjà à cette rentrée, tous les élèves n'avaient pas nécessairement un professeur de mathématiques dans leur classe. C'est une discipline qui est en grande difficulté. On avait retiré par l'effet de la réforme du lycée un certain nombre d'heures de cours. Donc, cela a permis de régler temporairement la question de la crise de recrutement en mathématiques. Mais effectivement, rajouter des heures mécaniquement, ça représente environ 350 postes qui pourront être pourvus, probablement par des contractuels. Le rectorat de Toulouse, par exemple, s'est déjà engagé dans une campagne de recrutements de personnel contractuel à des niveaux de rémunération encore plus faibles et à des niveaux de qualification également encore plus bas.
Est-ce que vous avez l'impression qu'on baisse le niveau de recrutement des professeurs de mathématiques notamment ?
Le concours reste quand même sélectif. La preuve, c'est que tous les candidats qui se sont présentés n'ont pas été retenus et d'autres seront encore éliminés à l'oral. Les étudiants en plus qui se présentent, sont recrutés en cours de master, donc a priori, ils ont quand même un niveau en mathématiques tout à fait correct. Ce n'est pas vraiment la question. La vraie question pour nous, c'est comment on évite de se retrouver à l'avenir dans cette situation, en fidélisant des étudiants dans un secteur ou une discipline, où les rémunérations proposées par d'autres employeurs pour des étudiants qui ont fait des mathématiques sont bien plus attractives.
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