Genre, rythmes, notation… Comment Benoît Hamon démine les polémiques à l'Education
Depuis son arrivée rue de Grenelle, Benoît Hamon tente d'éteindre les incendies, et veille à ne pas en allumer de nouveaux.
En présentant son nouveau plan pour l'égalité filles-garçons à l'école, lundi 30 juin, le ministre de l'Education, Benoît Hamon, officialise l'enterrement de l'ABCD de l'égalité, programme expérimenté depuis l'automne et brocardé par les anti-mariage pour tous. Un nouveau signe d'apaisement de la part du ministre, en poste depuis début avril, après les concessions consenties dans le dossier des rythmes scolaires et l'annonce très mesurée d'une réforme de la notation.
La fin de l'ABCD de l'égalité
Officiellement, il ne s'agit pas d'une reculade. "Il n'est pas proposé de renoncer au projet, il s'agit même de l'amplifier", écrit l'Inspection générale de l'Education dans un rapport dressant le bilan de l'ABCD de l'égalité cité par Le Parisien. Benoît Hamon, lui, promet un "plan d'action sans équivalent" prévoyant notamment une formation des enseignants et la mise à disposition d'une mallette pédagogique.
Reste que l'expérimentation de l'ABCD de l'égalité, menée dans 600 classes volontaires pour combattre les stéréotypes filles-garçons, ne sera pas généralisée à la rentrée 2014. Le dispositif était la cible de militants anti-mariage pour tous et d'associations d'extrême droite, qui avaient relayé les rumeurs les plus folles, comme la prétendue organisation de cours de masturbation en maternelle.
"Il faut démystifier ce que certains ont raconté et qui n'a strictement rien à voir avec ce qui s'est passé dans les classes", affirme le ministre. Une mise au point pas suffisante pour certaines associations comme Osez le féminisme, qui se dit "consternée" : "Il s'agit, au prétexte d'apaiser la situation, de donner satisfaction à des groupuscules réactionnaires et conservateurs qui ont fait du maintien d'une société traditionnelle, hétéronormée et patriarcale leur cheval de bataille."
Des rythmes scolaires assouplis
Peu après son entrée en fonctions, Benoît Hamon avait déjà montré un premier signe d'apaisement dans le dossier très polémique des rythmes scolaires. La réforme, dont les modalités de mise en œuvre ont suscité une vaste grogne, a été assouplie en mai par un décret.
Pour faciliter l'organisation dans les communes, le ministre a ainsi autorisé les maires à regrouper les activités périscolaires sur une demi-journée plutôt que d'y consacrer une plage chaque jour, à choisir entre le samedi matin et le mercredi matin pour la demi-journée supplémentaire, ou encore à réduire le nombre d'heures de classe hebdomadaire en répartissant ces heures sur les vacances scolaires.
Selon des statistiques arrêtées au 5 juin portant sur 64 départements, les écoles publiques de la quasi-totalité des communes (94,1%) fonctionneront avec une semaine de neuf demi-journées dans le cadre du décret Peillon, tandis que 5,9% demandent à bénéficier des assouplissements autorisés par le nouveau décret de Benoît Hamon.
Une réforme de la notation très concertée
La semaine dernière, Benoît Hamon a lancé son premier véritable chantier : celui de la réforme de la notation. Le ministre veut la rendre "bienveillante" pour les élèves, en remplacement d'un système d'évaluation qui, selon lui, "souligne les lacunes et les échecs des élèves, ce qui peut être très décourageant pour certains".
Mais Benoît Hamon marche sur des œufs. Hors de question, sur ce sujet, de provoquer une nouvelle polémique. Le ministre, qui espère parvenir à un consensus d'ici à décembre, a donc choisi de peaufiner la concertation. Une conférence nationale sur l'évaluation des élèves sera placée sous l'égide d'un comité d'organisation dont les travaux se concluront par une "semaine de l'évaluation" en décembre.
Puis Benoît Hamon recevra les conclusions d'un jury composé de professionnels et d'usagers du système éducatif présidé par le physicien Etienne Klein. Leurs recommandations devront s'appuyer sur "les résultats de la recherche, les connaissances scientifiques, les pratiques de terrain nationales et internationales", prévient le ministère.
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