Cet article date de plus de six ans.

"Ils récupèrent partout où ils peuvent" : enseignants et parents dénoncent des fermetures de classes au profit des CP à 12

Alors que se dessine la carte scolaire pour la rentrée prochaine, des parents et des enseignants dénoncent des fermetures de classes, qui seraient dues aux CP à effectif réduit, voulus par Emmanuel Macron. 

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une salle de classe vide dans le 10e arrondissement de Paris en septembre 2017. (MAXPPP)

Manifestations, occupations d'écoles... La colère gronde dans de nombreux établissements scolaires. C'est en ce moment que se décide la carte scolaire - l'ouverture ou la fermeture de classes pour septembre prochain - à l'occasion de comités techniques dans tous les départements.

Pour justifier des fermetures de classes, l'Éducation nationale invoque une baisse démographique chez les élèves. Mais, des parents et des enseignants y voient aussi la conséquence des "CP Macron", des cours préparatoires dédoublés.  

Dans le Val-de-Marne, des classes ferment alors qu'il y a de plus en plus d'élèves : un reportage de Solène Le Hen

Dans le Val-de-Marne, à la rentrée scolaire 2018-2019, il devrait y avoir une soixantaine d'enfants en plus dans les classes maternelles et élémentaires. C'est l'un des seuls départements où le nombre d'élèves doit augmenter : sur l'ensemble de la France, il devrait y avoir 30 000 élèves de moins. Pourtant, dans ce département francilien, le rectorat prévoit 180 fermetures de classes.  

La commune de Villejuif, en pleine expansion démographique, s'attend à la fermeture de 10 classes. "Les projections de la municipalité prévoient 100 élèves de plus sur l'ensemble de la commune, déplore Chloé Terrier, représentante de parents d'élèves. Ça fait une moyenne de classes autour de 29-30, y compris en maternelle."

Des conditions d'accueil "pas idéales"

Avec quatre ou cinq élèves de plus par classe, il faudrait d'abord pouvoir pousser les murs, mais surtout, affronter le brouhaha permanent. "C'est beaucoup plus bruyant et les locaux ne sont pas forcément adaptés, confirme Caroline Galien, enseignante en maternelle à Fontenay-sous-Bois, une autre localité du Val-de-Marne. Icile local est très sonore parce que c'est un préfabriqué. Il y a deux petites sections et les dortoirs sont à plus de 50, donc c'est vrai que les conditions d'accueil ne sont pas idéales pour les petits."

Les classes à 12, mises en cause

Dans le même temps, le rectorat a prévu 176 postes d'enseignants en plus l'an prochain en France. Alors, pourquoi ces fermetures ? Enseignants et parents d'élèves pointent les "classes à 12", ces dédoublements souhaités par Emmanuel Macron en CP et en CE1 dans les territoires difficiles.

La "phase 2" du dispositif devrait entrer en vigueur en septembre prochain : elle concerne une partie des CP des zones en réseau d'éducation prioritaire (REP) et les CE1 des secteurs en éducation prioritaire renforcée REP+. Cela nécessite la création de 7 200 postes d'enseignants, estiment les syndicats. Le compte n'y est pas et, selon eux, il manquerait près de 2 500 enseignants. Les rectorats doivent donc les trouver ailleurs, dans les autres écoles : "Ils récupèrent partout où ils peuvent, lance Caroline Galien. Ça ferme des classes et on est très inquiets sur l'avenir et même sur maintenant, car c'est demain la rentrée 2018."

"On ne peut pas rester à moyens constants"

"C'était une bonne idée de baisser le nombre d'élèves par classe, on a toujours été pour, rappelle David Bonnier, également professeur en maternelle. Cibler sur le CP, ça peut être une bonne idée par rapport aux problèmes de l'apprentissage de lecture de base, mais si c'est pour déshabiller Jacques à côté, on ne peut pas rester à moyens constants." 

Comme dans le Val-de-Marne, les parents et les enseignants sont mobilisés dans une cinquantaine de départements. À chaque fois, ils dénoncent ces dédoublements de classes qui se feraient, selon eux, au détriment d'autres écoles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.