: Vidéo Réforme du lycée : "Ce sont les séries actuelles qui sont inégalitaires"
Le directeur général de l'enseignement scolaire auprès du ministère de l'Éducation nationale répond au syndicat SNES-FSU qui estime que la réforme du bac maintient les inégalités entre les élèves.
"Ce sont les séries actuelles qui sont inégalitaires", a estimé jeudi 18 avril sur franceinfo Jean-Marc Huart, directeur général de l’enseignement scolaire auprès du ministère de l’Éducation nationale. Il répond à l'étude publiée par le SNES-FSU et révélée ce jour par franceinfo. Le syndicat y affirme que la réforme du lycée et la suppression des séries L, ES et S ne remet pas en cause la domination quantitative de la série S et accentue même les inégalités en défaveur des filles et des classes populaires.
franceinfo : Qu'est-ce que vous répondez au SNES qui assure dans son étude que la réforme du lycée ne va faire que reproduire les inégalités ?
Jean-Marc Huart : Ce n'est absolument pas la tendance que nous observons. Nous les tendances que nous avons, à partir de l'ensemble des demandes qui sont effectuées en ce moment par les élèves de seconde, montrent qu'au contraire les élèves profitent de cette liberté. Le pari de cette réforme c'est que les élèves puissent s'emparer de la plus grande liberté de choix donnée de manière à construire un parcours qui leur est le plus adapté possible, à partir de leurs goûts, de leurs motivations mais aussi de leurs capacités.
Dans les séries actuelles L, ES et S, on a comme des menus de restaurant qui sont imposés. Là, avec cette réforme, on offre la liberté aux élèves de choisir, à partir de 12 spécialités et d'un tronc commun suivi par tous. Les informations que nous avons, à ce stade, nous montrent que les séries L ES et S ne se retrouvent pas dans les chiffres que nous avons.
Vous avez vos propres chiffres qui contredisent l'étude du SNES ?
Aujourd'hui, nous avons 52 % des élèves qui sont en série scientifique avec des inégalités qui sont présentes actuellement. Vous avez 10% des élèves en série L dont 60% sont des filles alors que vous avez plus de 44% des cadres qui proviennent de série scientifique. Ce sont les séries actuelles qui sont inégalitaires.
Mais pourquoi les filles iraient plus vers des choix scientifiques avec cette réforme ?
Elles ont une liberté de choix plus importante. Aujourd'hui, les sciences économiques et sociales ne sont offertes qu'aux élèves qui font la série ES, soit 102 000 élèves. Les vœux qui nous remontent montrent qu'on aura, à peu près, 150 000 demandes en sciences économiques et sociales l'an prochain. Donc ce pari de la liberté est en passe d'être gagné.
Est-ce que cela permet de faire des choix originaux qui changent des combinaisons classiques "tout scientifique" ou "tout littéraire" ?
Évidemment. Les élèves ont choisi des combinaisons nouvelles. On peut avoir humanité, littérature, philosophie, langues vivantes étrangères et mathématiques par exemple. Il faut qu'un élève s'interroge sur la cohérence de son parcours. Un élève doit s'interroger sur ses goûts, ses motivations, ses aspirations, sur ses résultats aussi. Il doit, s'il le peut, s'interroger sur la suite de ses études au lycée avec un élément important, c'est que le choix des spécialités ouvre sur un panel de filières dans l'enseignement supérieur qui est diversifié.
On ne se pré-oriente pas dans l'enseignement supérieur en choisissant ses spécialités. Ce qui intéresse le supérieur c'est justement la diversité des parcours. Aujourd'hui, il y a des élèves qui ont un profil type, dans le futur, ils auront une diversité de profils et c'est ça la richesse de cette réforme.
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