Reportage "Il y a encore beaucoup de préjugés sexistes, notamment sur les filles" : des cours d'éducation sexuelle pour lutter contre les stéréotypes et les violences sexuelles

Plus d'un tiers des jeunes entre 16 et 20 ans déclarent avoir déjà subi au moins une violence sexuelle ou sexiste, de la part d'autres jeunes selon une étude menée par la fondation des Apprentis d'Auteuil, avec OpinionWay.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Atelier d'éducation sexuelle avec des élèves de 4e et 3e, à Rennes, en octobre 2023. (NOEMIE BONNIN / RADIOFRANCE)

L'atelier d'éducation sexuelle, qui a lieu dans un petit collège de Rennes avec des élèves de 4e et 3e, commence par un jeu, sur les représentations que les élèves ont, des femmes et des hommes. 

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"Est-ce que c'est un homme ou une femme qui peut être délicate ou délicat ? Ou les deux ?", demande la formatrice. Le but est de montrer que les caractéristiques ne dépendent pas du genre, mais du tempérament de la personne.

La question centrale du consentement

L'éducateur amène ensuite le sujet central du consentement. Pour cela, il se sert de saynètes crédibles : là, il s'agit d'une jeune femme, manifestement ivre lors d'une soirée, qui est amenée dans la chambre du grand frère. "Mon frère me regarde, me fait un clin d'œil, prend Isabelle par le bras et ferme la porte. Consentement ou pas consentement ? Suis-je certain que la personne a la pleine capacité de comprendre son choix ?". Le professionnel explique le principe du "oui", à une relation sexuelle, qui doit être authentique, informé et libre.

Dans le discours, les jeunes semblent bien au courant, de ces notions. "Je fais attention, je sais quand il y a consentement ou pas. Quand j'embrasse ma copine par exemple, je sais que c'est oui !" Mais pour d'autres camarades, notamment les filles, la pratique est tout autre. Alex se souvient d'une scène traumatisante, une tentative de viol, il y a 2 ans : 

"Je dormais et il m'a à peine touchée que je me suis réveillé d'un coup. Je l'ai frappé parce que j'ai compris ce qu'il voulait faire et du coup, c'est grave. Tu ne fais pas ça à quinze ans ! Tu ne fais pas ça tout court."

Alex, une collégienne

à franceinfo

Des sites pornographiques trop accessibles

Des délits qui montrent la nécessité de multiplier ces ateliers d'éducation et de prévention. Les adolescents ont beaucoup de représentations, mais peu d'informations réelles, constate Maël Le Galloudec, l'éducateur : "Oui, effectivement, il y a encore beaucoup de préjugés sexistes, notamment sur les filles, tels que 'Elles aiment bien être dominées', 'Quand une fille dit non, ce n'est pas forcément non, ça peut être oui'... Donc voilà, nous, on est obligé de déconstruire aussi ce genre de choses". Il ajoute : "C'est aussi toute la problématique des sites pornographiques qui sont censés être interdit aux moins de 18 ans. Ils sont très faciles d'accès. Et donc là, on a une représentation de la femme et de la sexualité qui est problématique". 

À la fin du cours, les élèves écrivent sur des petits papiers des questions, qu'ils souhaiteraient aborder la prochaine fois. Ils sont très en demande de conseils pratiques sur le déroulé des relations, hétérosexuelles et homosexuelles.

55% des jeunes filles ont déjà subi une violence sexuelle

L'éducation à la sexualité est censée être organisée, lors de trois séquences minimum, chaque année en collège et lycée. Dans la réalité, souvent par manque de temps, ces ateliers passent à la trappe. 

Plus d'un tiers des jeunes entre 16 et 20 ans déclarent avoir déjà subi au moins une violence sexuelle ou sexiste, de la part d'autres jeunes, c'est l'une des conclusions de l'enquête menée par la fondation des Apprentis d'Auteuil, avec OpinionWay. Cette proportion monte à 55% s'agissant des jeunes femmes. 65% chez les jeunes homosexuels.

Le reportage de Noémie Bonnin lors d'un cours d'éducation sexuelle

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