Reportage Lutte contre le harcèlement scolaire et les discriminations : des avocats au collège, en mode pédagogue

Le Conseil national des barreaux et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ont renouvelé la Journée du droit dans les collèges. Dans certains établissements, les élèves ont pu bénéficier d'un temps d'échange avec un avocat.
Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
600 avocats se sont rendus dans 450 établissements scolaires à l'occasion de la 7e édition de la Journée du Droit. (NOEMIE BONNIN - FRANCEINFO - RADIO FRANCE)

Sensibiliser les adolescents au droit, c'est l'objectif de la 7e édition de la Journée du Droit qui se déroule vendredi 4 octobre. 600 avocats interviennent dans 450 établissements de France pour évoquer le droit via des sujets qui les concernent directement comme le harcèlement et les discriminations.

Dans ce collège parisien, les élèves de 3e savent ce qu'est le harcèlement. Alors, pourquoi est-ce si dur d'en parler ? "Peut-être par peur des représailles, que ce soit à notre tour de se faire harceler", confie un élève. "Parfois on a un peu peur des conséquences et du regard des autres", abonde un autre.

L'avocat "représente la loi"

L'avocat Me Naquet interroge les adolescents visiblement intéressés par le sujet et, très vite, on rentre dans le vécu. "Par exemple, moi je suis autrichienne et quand j'étais petite je me faisais traiter de nazie", témoigne une collégienne. "J'ai été témoin d'une amie qui a été harcelée. Entre copines, elle nous en a parlé et après on a essayé du coup d'aller voir des personnes qui auraient pu l'aider. Ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas faire grand-chose mais qu'il faudrait que la personne en question aille en parler par exemple à ses parents. Mais je ne pense pas qu'elle ira le faire. Parce que je pense qu'elle a honte", confie une autre. Dans ce cas, "ce sont les adultes qui ont mal agi, ils auraient pu intervenir !", réagit un collégien. "Il faut insister, revenir à la charge, explique Me Naquet. Ne jamais lâcher l'affaire, c'est votre job de copine !"

Après cette séquence qui émeut et trouble toute la classe, l'avocat continue sa présentation, en évoquant le cyberharcèlement et la séance se termine sur les peines encourues. Le harcèlement "peut aller jusqu'à un an de prison et 15 000 euros d'amende. C'est énorme", martèle l'avocat. Pour maître Naquet, ce statut d'avocat est justement la plus-value de cette présentation.

"C'est bien que ce soit dit par des avocats parce que quelque part pour eux de manière un peu générique on représente la loi, donc éventuellement la peur de la sanction, donc je pense que c'est important que les avocats participent à cet effort collectif".

Me Naquet, avocat

à franceinfo

De la théorie... à la pratique

Mais ces interventions jouent-elles vraiment un rôle, dans la vie concrète ? Rapidement, on se rend compte que la définition du harcèlement n'est pas si simple, une fois sortis de la théorie. "Il y a des cas où on ne sait pas vraiment si c'est du harcèlement ou pas", témoigne un élève. "Souvent, on pense qu'on a compris ce que c'est le harcèlement mais souvent sans s'en rendre compte on harcèle des personnes", explique un autre. 

C'est ce que confirme aussi maître Zimmermann, une autre avocate intervenant dans une classe voisine. Elle a fait jouer une petite scène aux élèves dans laquelle une témoin de harcèlement en appelle à un adulte. "Quand j'ai interrogé les élèves après sur ce qu'ils pensaient de cette intervention ils m'ont tout de suite dit que c'était exactement ce qu'il fallait faire. Mais quand j'ai posé la question de savoir si, eux, dans une telle situation, seraient allés appeler un surveillant ils ont fini par me dire que non. Ça met en évidence ce décalage entre la théorie qu'ils ont bien compris et la mise en pratique qui est bien plus délicate." Une preuve de plus que le combat face au harcèlement scolaire est loin d'être gagné.

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