Rythmes scolaires : petit manuel de survie pour parents inquiets
Enfants épuisés, parents déboussolés : la réforme des rythmes scolaires n'a pas bonne presse. Francetv info vous donne quelques conseils pour retrouver un peu de sérénité.
Aaaargh... C'est peut-être le cri d'agonie que vous avez poussé trois semaines après la rentrée. La réforme des rythmes scolaires, qui a déjà commencé dans certaines communes de France, n'a pas bonne presse. Difficile de citer tous les griefs lus, vus et entendus depuis qu'une partie des enfants doit retourner à l'école le mercredi matin et/ou participer à des ateliers et activités sportives et culturelles deux à quatre fois par semaine (vous suivez toujours ?).
En tête : les enfants sont épuisés et énervés quand vous les récupérez le soir, à l'école, c'est le chaos, et les enfants n'arrivent plus à suivre leurs activités parascolaires. Francetv info vous donne un coup de main pour passer l'année sans perdre tous vos cheveux.
Surveillez la montre
"Il faut que les enfants se couchent tôt et de manière régulière, recommande une institutrice des Bouches-du-Rhône. 20h30, 21 heures maximum, et pas de télé ou d'ordi avant de se coucher." Le conseil semble évident, mais tous les interlocuteurs contactés par francetv info le martèlent. "N'oublions pas que les gamins dorment une heure à une heure trente de moins que la génération précédente", rappelle Paul Raoult, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE).
"Il faut informer de façon non culpabilisante les familles de l'importance du sommeil", explique Hubert Montagner, professeur de psychophysiologie et neurosciences, et ancien directeur de recherche à l'Inserm. "Nous sommes tributaires de cette réalité. Après une bonne nuit de sommeil, on est moins fatigué et moins fatiguable, moins stressé et moins stressable."
Mais écoutez et observez vos enfants aussi
Le scientifique apporte cependant une petite nuance. Pour coucher votre enfant au bon moment, il faut "apprendre à le connaître". Plus précisément, "savoir observer à quel moment il peut avoir envie de s'endormir. Cela peut être des bâillements, des yeux qui se ferment, des étirements, un affalement, un enfant qui ne répond plus." Attention, il ne faut "pas forcer" un enfant à se coucher. Certains n'ont pas besoin d'aller au lit avant 22 heures.
Par ailleurs, il faut lui ménager du temps sans contrainte. "Le tiers temps, celui qui n'est pas du temps scolaire ou du temps familial, doit surtout permettre aux enfants de se libérer et il ne faut pas les enfermer dans un carcan", comme des activités trop formatées, explique-t-il.
Faites des efforts
A vous aussi de faire un geste pour que les choses se passent mieux. Pour François Testu, professeur émérite en psychologie à l'université François-Rabelais de Tours, "le grand problème, quand on regarde les emplois du temps, c'est qu'ils étaient faits pour satisfaire les besoins des adultes. Quand la réforme de la semaine de quatre jours est passée, elle permettait aux parents de partir en week-end [en récupérant le samedi matin] et aux enseignants de souffler." Or, étaler le temps d'enseignement est plutôt recommandé par les chronobiologistes. Sans compter que les week-ends en vadrouille ne permettent pas vraiment de se reposer. "Quand on rentre à 22 heures le dimanche, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux", rappelle Paul Raoult.
Mollo sur les devoirs
Si votre enfant rentre surexcité de l'école, pas de panique. "L'erreur habituelle consiste à dire : 'Tu vas faire tes devoirs maintenant'", souligne Hubert Montagner. Il faut d'abord "accueillir l'enfant et avoir des relations apaisées" avec lui. Les devoirs peuvent être faits un peu plus tard.
Et puis, rappelle l'institutrice, les devoirs "ne devraient pas dépasser 30 minutes et pas de devoirs écrits. Ça doit être une leçon ou un petit exercice alibi." François Testu ajoute que l'esprit de la réforme doit permettre de faire disparaître les devoirs : "Ils doivent être faits pendant les heures d'aide."
Ne surchargez pas vos enfants d'activités
"Arrêtons la course à la suractivité. Pour que les enfants soient plus dispos, il faut un temps de repos et de vivre ensemble", conseille Paul Raoult, de la FCPE. Parfois, "le lundi, c'est piscine, le mercredi après-midi, musique, le jeudi, il faut prendre le bus pour aller à l'escalade et le week-end, il y a équitation." Bref, on "les frustre et on les épuise".
Un phénomène amplifié par le passage à la semaine de 4,5 jours. "On dit que les enfants sont surbookés, mais la faute à qui ?, s'insurge François Testu. Certains parents, pour bien faire, avaient des enfants occupés, voire suroccupés sur une semaine de quatre jours. Cette année, en plus des activités à l'école, c'est vrai que cela peut faire beaucoup. Parfois, trop, c'est trop, il faut savoir garder raison."
Râlez ou patientez
Et puis, si vraiment la réforme ne passe pas, vous pouvez toujours protester. Déjà, à Aubervilliers, deux écoles sur trois ont fermé pour marquer leur opposition. Dans le Haut-Rhin, quelques parents d'élèves ont manifesté lors d'une visite du ministre de l'Education, Vincent Peillon. Ils ne sont pas les seuls à rejeter la réforme. A Quimper, des associations de parents d'élèves regimbent aussi. A Rennes, un blog de parents d'élèves a lancé une enquête en ligne et entend surveiller de près la réforme.
Vous pouvez aussi prendre les choses avec philosophie. Tous nos interlocuteurs soulignent qu'il est parfaitement logique que les enfants soient fatigués en reprenant l'école, qu'il est normal qu'il y ait une phase d'adaptation et qu'il est encore trop tôt pour juger de l'effet de ce changement de rythme.
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