Vidéo "J'étais prête à prendre tout ce qui passait" : entre insalubrité et pauvreté, des étudiants racontent leur quête d'un logement

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Durée de la vidéo : 3 min
Un documentaire se plonge dans la précarité étudiante.
La grande difficulté d'obtenir un logement pour étudiants Un documentaire se plonge dans la précarité étudiante. (L2 films)
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
La nouvelle émission "Infrarouge", sur France 2, se penche sur les conditions de vie précaires de certains étudiants, vivant sous le seuil de pauvreté.

C'est de nouveau l'un des problèmes majeurs de la rentrée universitaire prévue le 16 septembre : la quête d'un logement décent et la paupérisation des étudiants. Alors que le gouvernement d'Emmanuel Macron avait mis en œuvre le premier volet de la réforme du système des bourses en 2023, la dissolution de l'Assemblée nationale a suspendu la suite des revalorisations prévues en ce début d'année scolaire.

Un soutien financier pourtant nécessaire à des étudiants en proie à une précarité qui ne cesse de se creuser du fait de l'inflation. Selon une étude de la Fédération des associations générales étudiantes, parue en janvier 2024, près de 20% d'entre eux ne mangent pas à leur faim. Ils rencontrent aussi de grandes difficultés à trouver un logement.

Le documentaire La bourse ou la vie, étudier à tout prix, réalisé par Claire Lajeunie, diffusé mercredi 4 septembre à 22h50 sur France 2, témoigne de la dégradation du bien-être et des conditions de vie des étudiants qui a littéralement explosé depuis la pandémie de Covid-19, à travers le quotidien de six jeunes boursiers : Anoa, Dawn, Théo, Solène, Emma et Romain.

Ce film choral ausculte la charge mentale de ces étudiants, contraints de vivre dans de minuscules appartements et souvent obligés de sauter des repas, faute de moyens. Une vie de privations difficile à gérer et qui met à l'épreuve la motivation de ces jeunes à poursuivre ou non leurs études.  

"Je me levais à 4h30 tous les jours et je rentrais à 20 heures"

Dawn, 20 ans, originaire d'Orléans (Loiret), est étudiante en deuxième année de BTS à l'école Estienne, dans le 13e arrondissement de Paris, et est titulaire d'une bourse échelon 5. Par souci d'économies, elle passe sa première année à effectuer des allers-retours entre la capitale et sa ville natale. "Je me levais à 4h30 tous les jours et je rentrais à 20 heures", confie-t-elle dans le film. Epuisée par ce rythme, la jeune étudiante cherche un logement dans Paris, au début de sa deuxième année. "J'étais prête à prendre tout ce qui passait", assure-t-elle.

Aidée par son oncle et son beau-père, Dawn réussit finalement à trouver un studio de 9 m2, surface minimum légale d'un logement que peut louer un propriétaire, situé dans une sorte de cave aménagée. "Je suis censée payer 460 euros, explique l'étudiante à une de ses amies. Mais vu que je n'ai pas d'évier, ils ont réduit de 50 euros (...) Dans le bail, j'étais censée avoir du chauffage, mais je n'en ai pas. J'étais censée avoir internet et une télé, il n'y en a pas, j'ai dû prendre un forfait plus cher."

Un documentaire ausculte la précarité des étudiants
La difficulté de travailler et de suivre ses études Un documentaire ausculte la précarité des étudiants (L2 Films)

Des boursiers obligés de travailler

Des déconvenues connues par de nombreux étudiants. Théo, 21 ans, est en troisième année section culture et média à l'université de Lille. Il bénéficie d'une bourse échelon 5, d'un montant de 450 euros. Une somme insuffisante pour couvrir ses besoins, malgré des repas à un euro au restaurant du Crous. Théo est donc obligé de travailler le soir dans une garderie et de faire du baby-sitting pour vivre décemment. Du temps amputé de ses études. 

"C'est hyper compliqué de travailler en même temps que ses études. Si je ne le fais pas, je ne peux pas vivre."

Théo, étudiant de 21 ans

Dans le documentaire " La bourse ou la vie, étudier à tout prix"

Une contrainte qui, selon lui, le pénalise par rapport à d'autres étudiants. "Je bosse quasi tout le temps en fait. Je préférerais être tranquille le soir pour pouvoir réviser mes cours, poursuit Théo, mais je ne peux pas (...) il y a des cours qui sont en même temps que les heures de garderie, donc je ne peux pas les suivre entièrement." Une inquiétude sourde, cumulée à une fatigue qui peut se muer en une forme de dépression pour des jeunes qui n'ont quasiment pas de soutien familial et personne à qui parler. Surtout lorsqu'ils se retrouvent à la rue, comme ce fut le cas pour Théo, qui a dormi pendant six mois dans sa voiture sur un parking.

Les étudiants peuvent toutefois se tourner vers le service social du Crous de leur région pour trouver un peu de soutien. C'est ce qu'a fait Théo lorsqu'il était au plus bas. "Quand je vous ai vu la première fois, il y avait des problèmes de sommeil, des problèmes d'alimentation et puis vous étiez très mal", se souvient Dorothée Coulier, assistante sociale au Crous de Lille. "La veille, je dormais dans ma voiture donc forcément, je n'étais pas bien (...) Une semaine après notre rendez-vous, j'avais une réponse pour un logement", lui révèle Théo, qui a finalement réussi à trouver un logement social, pour un loyer de 115 euros par mois.

Le documentaire La bourse ou la vie, étudier à tout prix, réalisé par Claire Lajeunie, est diffusé le mercredi 4 septembre à 22h50 dans l'émission "Infrarouge" sur France 2 et sur france.tv.

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