: Vidéo La réputation dans le milieu scolaire : Margot Déage, sociologue, explique son fondement et sa durabilité

“Au collège, avoir une réputation, c'est déjà avoir une mauvaise réputation”, explique Margot Déage, sociologue de l’éducation. Dans ce milieu très conformiste qu’est le collègue, se faire remarquer est mal vu et critiqué. Et ce phénomène typique des cours d’école se veut différent entre filles et garçons. “Pour les filles, ça tourne surtout autour d'insultes liées à la sexualité. Alors que pour les garçons qui se comportent bien mais qui sont mal vus, ils écopent plutôt des stigmates d'intello, de balance, d'efféminé” 

La réputation, une rumeur qui se cristallise

Si un élève écope d’une mauvaise réputation, elle le poursuit généralement tout le long de sa scolarité dans l'établissement. Seul moyen de s’en défaire : changer de groupe d’amis. “Au moment où il y a un changement de groupe réussi, alors là, la réputation qu'on avait dans le groupe n'a plus tant de valeur et on peut recommencer à se construire”. Si certains arrivent à se défaire d’une réputation, d’autres la subissent en dehors du cercle scolaire, sur les réseaux sociaux. “Aujourd'hui, il y a de plus en plus de classes qui ont des groupes de discussion sur les réseaux sociaux et ici, ils peuvent continuer à se transmettre les histoires qui se passent au sein de l'établissement”. 

La minimisation de ce phénomène par les proches

Pour les élèves, la réputation est une étiquette et définit une personne. Quand l’un d’entre eux perd ce statut social, “c'est dramatique pour un collégien puisque finalement, la réputation est ce qui lui garantit de pouvoir avoir des amis”.

Pour les enseignants, la réputation est un phénomène difficile à gérer car elle nécessite de se positionner dans le cercle intime. “Ils ne se sentent pas forcément prêts, ni outillés pour le faire”. Parler en classe de la réputation, des moqueries d’un élève, n’aura que l’effet inverse pour la sociologue. “Cela ne fait que confirmer ce phénomène de réputation. Ça entraîne plus de moqueries de la part des autres élèves. Donc ça demande aux adultes des établissements une certaine finesse pour rétablir la stabilité, la paix au sein des relations”.