Vingt universités "pionnières" accèdent à l'autonomie
Les anciens élèves de Sciences-Po Bordeaux ont eu la surprise de recevoir, il y a peu, une lettre leur demandant d’adresser un don de 50 ou 100 euros pour leur ancien établissement.
_ Vincent Hoffmann Martinot, directeur de l’école et initiateur du projet se défend d’un "appel à la charité". Cette demande intervient, selon lui, naturellement dans le cadre de la loi LRU (Libertés et Responsabilités des Universités) destinée à la recherche de nouveaux financements privés destinés à agrandir les locaux et les ressources de l’école.
Le projet ouvre en effet les universités au financement privé et donne plus d’autonomie à leurs présidents, notamment dans le cadre de la fixation des frais de scolarité et de gestion et du choix des enseignants. Pour l’année 2009, l’établissement public des sciences politiques compte obtenir 15 à 20% de ses financements du secteur privé, et une partie grâce à ces dons d’anciens, une pratique courante dans les universités nord-américaines.
A Strasbourg, les trois universités de la ville fusionnent pour donner naissance à la plus grande université de province en France, l’UdS (Université de Strasbourg). Avec plus de 43.000 étudiants et presque 3.000 enseignants, l’UdS veut rivaliser avec les grandes universités européennes et mondiales, en se basant sur le modèle anglo-saxon du prestigieux collège d’Oxford en proposant plus d’une cinquantaine de licences et une soixantaine de Masters.
Cette autonomie nouvelle n’est cependant pas sans inquiéter certains étudiants et personnels des universités qui redoutent la transformation des universités en établissement élitistes, la trop forte augmentation des frais de scolarité et la disparition des "petites" filières. En accédant à l'autonomie, les présidents d'université vont être confrontés à une gestion similaire à celle d'une entreprise privée.
Les présidents gèreront les salaires des enseignants, des personnels non enseignants, fixeront le montant des frais de scolarité, pourront devenir propriétaire des murs et choisir les enseignants. On peut imaginer une dérive rapide de ce genre de système, avec la constitution de "grandes" universités recrutant des enseignants à prix d'or, dispensant un enseignement de haute qualité et onéreux en abandonnant les filières de langues et de sciences humaines jugées peu rentables au profit des sciences dures.
Benoît Puichaud avec agences
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