La mairie de Marseille condamne "des faits particulièrement graves" et ferme un centre de loisirs où des animateurs sont accusés de "maltraitance"

Une mère de famille, Fatima, a découvert que ses jumeaux apparaissaient sur une vidéo partagée sur les réseaux sociaux. Son fils y apparaît "en pleurs, en train de sauter à cloche-pied parce que l'animatrice l'aurait puni". Fatima annonce "porter plainte pour maltraitance".
Article rédigé par franceinfo - avec Fr
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
La mairie de Marseille, le 27 juillet 2023. (CARINE SCHMITT / HANS LUCAS)

La mairie de Marseille condamne "des faits particulièrement graves" et ferme un centre de loisirs du 8e arrondissement, après la diffusion de vidéos de "maltraitances" d'enfants, diffusées sur les réseaux sociaux sans l'autorisation des parents, rapporte mercredi 31 juillet France Bleu Provence. La municipalité a mis en place une cellule psychologique et demande à la Direction départementale de la jeunesse et des sports de mener une enquête auprès de tous les autres sites marseillais gérés par le même organisme.

Tout part du témoignage d'une maman, Fatima. Lundi, elle a découvert par hasard que ses jumeaux, un garçon et une fille de 5 ans, apparaissaient sur une vidéo circulant sur les réseaux sociaux Snapchat et TikTok. Cette maman est influenceuse. Elle a été alertée par l'une de ses 145 000 abonnés. "J'ai la rage, je suis en furie. J'apprends que l'une des animatrices a posté mes jumeaux sur sa story Snap", réagit Fatima sur son compte Instagram. Elle y partage des extraits de ces vidéos, en cachant le visage des enfants.

Sur l'une d'elles, on voit ses enfants au centre de loisirs. Une femme, "l'animatrice leur demande de dire des gros mots", raconte Fatima. On entend également un homme dire que "personne ne va le savoir". Puis, "à la fin de la vidéo, je vois mon fils, en pleurs, en train de sauter à cloche-pied parce que l'animatrice l'aurait puni. Et quand il pleurait parce qu'il avait mal, elle l'a obligé à continuer", poursuit la maman qui ne décolère pas. "Cette femme se permet d'humilier des enfants", fustige-t-elle en soulignant que son garçon avait aussi les mains sur la tête. 

Dans l'extrait, on entend une femme dire à l'enfant qu'il est "puni", "tais-toi" ou encore demander en criant "tu veux dormir, pourquoi tu te lèves alors ?" avant de rire. On voit un autre enfant sauter et une femme déclare en riant : "T'es fatigué ? Oui ? Bah tu sautes". Fatima annonce qu'elle va "porter plainte pour maltraitance, pour diffusion d'images d'enfants mineurs sans [son] consentement". 

Les enfants accueillis dans deux autres centres

Fatima a pu s'entretenir avec la directrice du centre de loisirs, géré par l'association Léo Lagrange Méditerranée, et situé dans les murs de l'école Raymond Teisseire, dans le 8e arrondissement de Marseille. Cette dernière a identifié l'une des animatrices à l'origine de la diffusion des vidéos. Elle a, selon son témoignage, été licenciée. Deux autres animateurs, dont le jeune frère de la directrice, identifiés par les mamans qui ont passé plusieurs vidéos au crible, ont également été écartés, selon les informations de France Bleu Provence. 

"Nous ne pouvons pas, en tant que parents, les garder constamment avec nous. C'est aux responsables des différentes structures de veiller au recrutement, de veiller à la formation, de veiller à mettre des règles strictes pour éviter tous ces drames et dérives", met en garde Fatima dans une autre vidéo postée sur son compte Instagram. "On a vu ce qui était filmé… mais on n'a surtout pas vu ce qui n'était pas filmé", s'inquiète cette mère de famille. Les parents craignent aussi de voir ressurgir des faits plus anciens et peut-être plus graves parce qu'une partie de l'équipe des animateurs officiait aussi en temps de périscolaire au sein du même établissement, tout au long de l'année.

Le centre de loisirs Raymond Teisseire est donc fermé. Les enfants qui y étaient inscrits seront accueillis dans deux autres centres de Marseille. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.