Maltraitance des enfants : l'Etat français mis en cause par la Cour européenne de justice
Michèle Créoff, juriste et spécialiste de la protection de l'enfance, est invitée du 23h de franceinfo. Elle revient sur la violence faite aux enfants et la multiplication de ces actes pendant le confinement notamment.
La décision de la Cour européenne de Strasbourg, est-elle un tournant pour les enfants ? "C'est un tournant historique parce qu'enfin la France est condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme et enfin les instances de protection de l'enfance sont mises en cause. Habituellement, les parents meurtriers sont déclarés coupables et on ne va pas chercher plus loin s'il n'y a pas de responsabilités des institutions. L'Europe dit : 'Oui il y en a'. L'Etat français est mis en cause d'une part au regard de l'activité de la gendarmerie dans l'affaire Marina, mais aussi les départements", rappelle Michèle Créoff.
"Marina n'avait pas été mise à l'abri"
L'affaire Marina avait consterné l'opinion publique à l'époque. Si cet arrêté avait été pris à cette époque-là, qu'est-ce que ça aurait changé ? "On ne sait pas si son sort aurait pu être changé. Mais si la loi avait été respectée, son sort aurait pu être changé puisqu'elle a été maltraitée dès sa naissance. Dès le début, sa mère a pu dire qu'elle ne voulait pas de cet enfant, et elle a subi huit ans de maltraitance avec les services sociaux mobilisés, des enseignants, des gendarmes, etc. Le problème, c'est qu'à chaque fois, les instances n'ont pas fait ce qu'il fallait pour mettre à l'abri cet enfant alors qu'elles avaient le moyen de le faire. Si chacun avait joué son rôle, cet enfant n'aurait pas été tué. La Cour européenne des droits de l'homme ne peut que constater les défaillances françaises", avance la juriste.
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