Mayenne : enquête en cours pour des faits de violences sur des jeunes dans un centre éducatif renforcé
Deux éducateurs et l'ancien directeur du Centre éducatif renforcé (CER) Roger Hyvard de Soulgé-sur-Ouette (Mayenne) sont visés.
Une enquête judiciaire est en cours pour des violences commises entre 2015 et 2019 par des éducateurs, au Centre éducatif renforcé (CER) Roger Hyvard de Soulgé-sur-Ouette (Mayenne), révèle lundi 9 novembre France Bleu Mayenne. L'enquête a été ouverte l'année dernière par le parquet de Laval, a confirmé le procureur Céline Maigné, pour des faits de violence sur plusieurs enfants la part de deux éducateurs. L'ancien directeur du CER est aussi visé.
La structure, qui dépend de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), accueille des mineurs de 13 à 18 ans, primodélinquants, après ordonnance d'un juge. C'est une alternative à la prison. Le procureur de Laval a précisé à France Bleu Mayenne que l'enquête "n'est pas tout à fait terminée". Il reste au moins un jeune à entendre dans cette affaire.
"Le nouveau directeur 'chauffait' certains éducateurs"
Un ancien salarié du centre, qui préfère rester anonyme, a rapporté à France Bleu Mayenne "des coups de poing, des coups de genou". "Pour une cigarette, les jeunes pouvaient être cloués au sol", a ajouté un autre ancien éducateur. "Les choses se sont dégradées il y a quelques années, quand le nouveau directeur est arrivé. Il 'chauffait' certains éducateurs", a conclu cet homme, qui a quitté le CER de Soulgé-sur-Ouette, écœuré par la situation.
Contactée par France Bleu Mayenne, la direction d'Inalta, l'association qui gère la structure, explique qu'il y a eu à plusieurs reprises "des situations de tensions" entre des mineurs et des éducateurs. D'après Inalta, aucun fait de violence gratuite n'a été pour l'instant avéré. "Il peut y avoir des actes de contenance réalisés par des éducateurs lorsqu'un jeune sombre dans la colère ou est hors de contrôle", a expliqué l'association.
Des violences physiques et psychologiques
Pour une ancienne salariée du centre éducatif renforcé, les violences commises par les deux éducateurs étaient aussi d'ordre psychologique. "Un gamin avait cinq minutes pour prendre sa douche. Il y en a deux pour sept gosses. Eux, ils coupent le compteur d'eau parce que la douche dure cinq minutes et trente secondes", a-t-elle déploré.
L'un des éducateurs visés par l'enquête a été promu chef de service du centre éducatif renforcé il y a quelques semaines. Une fonction "temporaire", a assuré la direction d'Inalta car le directeur, lui aussi visé par l'enquête, a récemment quitté son poste par rupture conventionnelle. Inalta a invoqué la présomption d'innocence et estimé que l'éducateur "donne satisfaction dans l'encadrement".
"Si les choses se sont passées telles qu'elles m'ont été racontées, ce n'est pas acceptable. Très franchement, j'ai eu beaucoup de doute sur cette prise en charge et cela me peine", a expliqué à France Bleu Mayenne Élisabeth Doineau, sénatrice de la Mayenne. L'élue a participé, le 24 mars dernier, à une conférence téléphonique avec la préfecture sur la situation inquiétante du CER de Soulgé-sur-Ouette. Fabienne Chambry de la Direction Territoriale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse Maine et Loire-Sarthe-Mayenne était également présente.
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