Règles : 80% des jeunes filles les ont avant 13 ans et sont, malgré tout, dépourvues d'information sur le sujet, dénonce une association
À l'occasion de la Journée internationale de la fille, l'association Règles Élémentaires publie une étude mercredi 11 octobre que France Bleu Picardie a pu consulter, révélant que les adolescentes ont leurs premières règles de plus en plus tôt sans être sensibilisées sur ces questions. L'association de lutte contre la précarité menstruelle et le tabou des règles pointe du doigt que les écoles ou collèges ne sont pas adaptés. Elle compile plusieurs sondages réalisés ces derniers mois avec Opinion Way.
L'association a mené une enquête auprès de 1 000 jeunes filles qui ont entre 11 et 18 ans. "On s'est rendu compte que l’âge moyen des premières règles avait pas mal baissé, à 12 ans et 2 mois en moyenne, détaille Laury Gaube, directrice de la communication de l'Association Règles Élémentaires, invitée de l'émission "Bonjour Docteur" sur France Bleu mercredi. Ces jeunes filles se retrouvent dans des situations où on ne leur a donné aucune information sur leurs règles et dans des établissements scolaires qui ne sont pas du tout adaptés pour gérer ces règles."
En moyenne, les jeunes filles ont leurs règles pour la première fois à 12 ans et deux mois, soit cinq mois plus tôt qu'il y a 30 ans, indique l'association. Aujourd'hui, 80% des filles ont leurs règles avant 13 ans, c'est-à-dire avant la classe de 5e, et 20% dès l'école primaire. "C'est-à-dire que 80% des filles sont réglées avant que l'on parle officiellement des règles dans les programmes de SVT [Sciences de la Vie et de la Terre] au collège", précise Maud Leblon, directrice de l'association Règles Élémentaires.
"On ne parle pas de règles à l'école, alors que cela concerne la moitié des élèves. On fait comme si personne n'avait ses règles à l'école. Les petites filles sont très peu préparées, les parents et les enseignants ne le sont pas plus non plus. Il faut qu'il y ait une prise de conscience collective."
Maud Leblon, directrice de l'association Règles Élémentairesà franceinfo
Un facteur de stress
Ce manque d'information peut aussi susciter des moqueries. Une jeune fille sur trois a déjà été victime de brimades ou de discriminations liées à ses règles, indique Règles Élémentaires, qui invite à "généraliser l'éducation menstruelle". Pour 80% des jeunes filles, avoir ses règles à l'école est même un facteur de stress.
Résultat, beaucoup de jeunes filles préfèrent rester chez elles. "53% des jeunes filles qui ont plus de 15 ans ont déjà manqué l’école à cause de leurs règles", précise Laury Gaube. Un quart des jeunes filles déclarent même que les règles ont freiné leur progression scolaire, indique l'association.
"En grande partie à cause des douleurs, mais on a aussi 80% des jeunes filles qui disent qu’avoir ses règles à l’école c’est vraiment un facteur de stress. Elles sont hyper angoissées de se rendre à l’école, de ne pas pouvoir changer leur protection pendant qu’elles sont en cours, ne pas avoir accès à des toilettes adaptées où elles ont vraiment une intimité".
Les établissements scolaires ne sont pas adaptés "pour pouvoir vivre ses règles sereinement" selon l'association. Il n'y a pas toujours de poubelle dans les toilettes, ni de papier toilette ou de savon, pas de protections disponibles ni d'endroit pour se reposer.
"Les règles font partie intégrante de la question de l’égalité et la généralisation de l’éducation menstruelle est aujourd’hui une nécessité. On ne peut pas accepter qu'en France, en 2023, des filles aient à manquer l’école parce qu’elles ont leurs règles"
Règles Élémentairessur France Bleu
L'association organise des ateliers de sensibilisation "en mixité car on estime que les garçons ont aussi leur rôle à jouer. On va déconstruire toutes les idées reçues sur les règles. On a beaucoup d’élèves qui nous disent 'mais les règles c’est sale, ça pue', décrit Laury Gaube. On leur apporte de l’information, sur les protections périodiques et on leur dit aussi que ce n’est pas normal d'avoir mal quand on a ses règles, que parfois ça peut être l’objet de pathologie. On leur dit qu’il faut en parler. Ca évite des situations où elles sont obligées de s’absenter de leur cours à cause de leurs règles".
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