Cet article date de plus d'un an.

Reportage Émeutes  : sanctionner les parents, l'idée divise dans les communes touchées cet été

Responsabiliser les parents est l’un des axes présentés par Élisabeth Borne, quatre mois après les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre. La Première ministre a déjà détaillé un volet judiciaire et policier, et doit développer vendredi un pan social des mesures gouvernementales.
Article rédigé par Morgane Heuclin-Reffait
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un quartier de Garges-lèz-Gonesse (Val-d'Oise) (photo d'illustration). (FRED DUGIT / MAXPPP)

De grandes palissades en métal sont toujours dressées autour de l'hôtel de ville de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise), incendié fin juin. Il faudra deux ans pour reconstruire. "Je pleure ma mairie, franchement, commente Aminata. C’est un symbole de la République, du quartier !" 

Maman d'un jeune de 17  ans, elle déplore les dégâts des émeutiers mais ne trouve pas "justifié" de prendre des mesures contre les parents :  "Je suis un peu mitigée sur le sujet. Je ne sais pas où ils prendront l’argent, sincèrement. C’est un quartier précaire. Le taux de chômage est élevé", fait-elle valoir.

Car suivre à la trace son ado, ce n'est pas faisable pour tout le monde, estime Jonèss, qui veille pourtant à ce que son fils de 18 ans rentre toujours à l'heure. "Les parents ne sont pas coupables, affirme-t-il. Il y a des enfants qui coupent leur portable quand ils commencent à faire des bêtises. Quand tu fais ça, assume !"

Plusieurs parents rencontrés entre les barres HLM sont pourtant favorables à des sanctions financières pour ceux jugés démissionnaires. Même quand l'un n'a pas la garde, lance Christiane, qui a élevé seule ses trois enfants, entre deux temps partiels. "Un parent ou deux parents, où qu’ils soient, c’est les parents, ils doivent payer", estime-t-elle. 

"Quand on met un enfant au monde, on doit l’éduquer. Et ce n’est pas parce qu’on travaille que l’enfant doit être dehors à faire ce qu’il veut."

Christiane, mère solo de trois enfants

à franceinfo

Un enjeu-clé, acquiesce le maire UDI Benoît Jimenez, alors que 30% des émeutiers cet été étaient mineurs. "Le fait d’avoir évoqué la responsabilisation des deux parents et donc, a fortiori, aussi des pères qui sont très souvent absents, je pense que ça va dans le bon sens. Je pense que parmi l’ensemble des émeutiers qui étaient issus de familles monoparentales et dont souvent on voit le deuxième parent absent, un certain nombre sont solvables."

"Il faut aller taper au porte-monnaie là où c’est possible et quand ce n’est pas possible, il faut voir les alternatives. Je pense notamment aux travaux d’intérêt général, qui peuvent être une des réponses."

Benoît Jimenez, maire de Garges-lès-Gonesse 

à franceinfo

"Ils permettraient de venir réparer. Je pense que c’est important de travailler sur la sanction et quand elle ne peut pas être économique, il faudrait qu’elle soit d’un ordre différent, souligne l'élu. Des mesures qui doivent s'accompagner de prévention. Il faut tout un village pour éduquer un enfant", rappelle Benoît Jimenez. Le rôle des parents est le plus important mais l'écosystème social, doit aussi jouer pleinement son rôle", conclut-il.

Sanctionner les parents d'émeutiers, à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) l'idée divise - Reportage de Morgane Heuclin-Reffait

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.