"Une idée dangereuse", "on fait quoi des pères violents ?"... Plusieurs collectifs, associations et élues sceptiques sur le "devoir de visite" des pères
"Devoir de visite = Idée dangereuse", écrit mercredi 8 mai Osez le féminisme sur le réseau social X. L'association réagit à l'interview d'Emmanuel Macron dans le magazine Elle dans laquelle il suggère d'ouvrir un "débat" sur l'instauration d'un éventuel "devoir de visite" des pères dans les familles monoparentales essentiellement à la charge des femmes.
"Un homme violent, abusif, défaillant n'est pas un bon père", commente Osez le féminisme qui recommande au chef de l'État et au gouvernement de se concentrer plutôt sur "l'intérêt supérieur de l'enfant avec ou sans père". L'association fixe plusieurs priorités : "Aucune criminalisation des mères pour non-représentation d'enfants, si suspicion d’inceste ou de violences", le "paiement systématique et automatique des pensions alimentaires (par prélèvement à la source)". Puis Osez le féminisme demande à la ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé : "Et si on décidait d'une politique féministe au service des mères solos, premières victimes de la précarité ?"
"Qui a bien pu avoir une telle idée ? Un parent qui abandonne ses enfants est manifestement défaillant voire violent", réagit le collectif Enfantiste, qui lutte contre les violences faites aux enfants. "Un devoir de thérapie serait plus efficace. On ne force pas un homme à aimer ses enfants et un lien défaillant ou violent est plus dangereux que l'absence devoir de visite", ajoute le collectif dans son message.
"Les enfants doivent être protégés"
"Décision très dangereuse d'Emmanuel Macron", dénonce Amy Bah, représentante du collectif féministe NousToutes. "Les violences intrafamiliales (physiques et sexuelles) ont augmenté de 15%. C'est irresponsable d'imaginer un devoir de visite aux pères défaillants et dangereux ! Les enfants doivent être protégés", argumente-t-elle dans un message publié sur X.
"Les femmes ont besoin d'argent et de droits, pas d'un homme", estime Auriane Dupuy, coréférente du mouvement Génération.s Féministe en soulignant qu'un "quart des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté". Des élues ont aussi commenté cette déclaration du chef de l'Etat. "Idée de merde. C'est encore une fois ignorer les mécaniques des violences intra familiales sur les femmes et les enfants", écrit Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris, connue pour son engagement féministe.
"Et on fait quoi des pères violents ? On impose à tous le traumatisme de le revoir régulièrement ? Et des pères qui ne s'impliquent pas dans la vie de famille ?", interroge sur X la députée écologiste Francesca Pasquini, membre de la Délégation aux droits de l'enfant de l'Assemblée nationale. "Parfois, il vaut mieux couper les ponts", poursuit-elle. La députée suggère au gouvernement de prendre des mesures de "soutien à la parentalité dès la naissance" pour accompagner notamment les mères célibataires. Bien plus efficace, selon elle, qu'un "devoir de visite" imposé aux pères absents.
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