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Info franceinfo Féminicide à Paris : le policier fugitif n'avait plus le droit de ramener son arme à la maison

L'homme de 29 ans, en fuite avec son arme, était sous le coup d'une sanction administrative : il ne pouvait plus conserver son pistolet en dehors du travail. Une interdiction qu'il enfreignait depuis des mois et qui questionne le rôle de sa hiérarchie.

Article rédigé par franceinfo - Hugo Puffeney
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Un policier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) est activement recherché après la découverte du corps sans vie de sa compagne à son domicile dans le 19e arrondissement de Paris, le 28 janvier 2022. (MAXPPP)

C'est, selon nos informations, un dysfonctionnement majeur au sein du commissariat du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Le policier Arnaud B., principal suspect d'un féminicide et en cavale, ramenait son arme de service depuis des mois à son domicile, en toute illégalité.

Le 28 janvier dernier, dans le 19e arrondissement de Paris, la compagne d'Arnaud B., Amanda Glain, est retrouvée morte dans sa salle de bains avec des marques de strangulation. Depuis, l'homme est introuvable, et armé : il a en sa possession son arme de service, un pistolet 9 mm, et 30 munitions.

Pourtant, il n'aurait jamais dû se retrouver en possession de cette arme. Au printemps 2021, Arnaud B. a en effet écopé d'une sanction administrative : il n'a plus le droit de porter son arme, en dehors de ses horaires de travail. En clair, il doit la reposer systématiquement et impérativement à l'armurerie à chaque fin de journée.

Une interdiction "effacée" par sa hiérarchie ?

En théorie, cette interdiction est renseignée dans un logiciel, présent au commissariat du Blanc-Mesnil : Ares. Il permet entre autres de contrôler les entrées et les sorties d'arme mais aussi de signaler un policier interdit d'arme, ou ayant des restrictions.

Mais dans le cas d'Arnaud B., aucune interdiction ou restriction n'apparaissaient dans Ares. Ce policier, psychologiquement fragile, avec des antécédents de violences conjugales, pouvait donc illégalement ramener son arme à la maison, ou la porter dans la rue depuis des mois.

Pourquoi cette interdiction n'apparaissait-t-elle pas dans le logiciel Ares ? Arnaud B. a-t-il demandé à l'un de ses supérieurs "d'effacer" cette sanction ? Sa hiérarchie l'a-t-elle couvert ? Selon une source policière, ces mentions auraient bien été supprimées par un membre de la hiérarchie du commissariat. Une enquête IGPN est en cours et plusieurs policiers du commissariat du Blanc-Mesnil vont être auditionnés.

Signe d'une gêne grandissante, le commissaire du Blanc-Mesnil a diffusé une note de service le 1er février, que nous avons pu consulter. Il pointe des "imperfections dans la gestion administrative des armes individuelles". Il rappelle aussi, dans un texte en gras, l'importance "d'assurer les restrictions de mouvement d'armes : interdiction de sortie, obligation de déposer en fin de vacation".

Contactée, la préfecture de police assure à France Télévisions qu'une enquête interne a été ouverte. De source proche du dossier, cette enquête concernerait des "dysfonctionnements en interne", sans plus de précisions.

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