Fin de vie et euthanasie : le désarroi des médecins
Ce matin, Madame S. est particulièrement angoissée. Cette
patiente atteinte d'un cancer du sein actionne sans cesse la sonnette pour
faire venir à son chevet un membre du personnel de l'unité de soins palliatifs
de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif.
Depuis un mois, cette femme d'une quarantaine d'années en
phase terminale oscille entre l'envie d'en finir et l'envie de vivre. En finir
avec ce corps meurtri, douloureux mais vivre pour son fils de 6 ans avec qui
elle aimerait tant passer noël prochain.
Les médecins qui travaillent dans cette unité de soins
connaissent bien cette ambivalence. Pour eux, il s'agit de trouver la bonne
réponse, de ne pas donner trop d'importance à ce "J'en ai assez ". Les patients expriment souvent ce
désir d'en finir mais souvent après le traitement de leurs douleurs et de
leurs angoisses, ils retrouvent l'envie de rester en vie.
Apprendre à ne pas être "envahis " par "l'angoisse de mort "
Sylvain Pourchet, chef du service, sait à quel point les médecins ne doivent pas surinterpréter cette envie de mourir.
"L'angoisse de mort est mise en relief lorsque l'on est atteint d'une maladie grave. Au sein de notre service, nous tentons d'accompagner nos patients pour qu'ils apprennent à ne pas être envahis par cette angoisse ", explique le chef de l'unité des soins palliatifs de l'hopital Paul Brousse.
A l'approche de la mort, il s'agit alors pour l'équipe et le patient de trouver des raisons de vivre malgré cette échéance.
La frilosité de certains médecins face à la demande de mort
Philippe Bataille connaît bien les soins palliatifs. Si le sociologue reconnaît la qualité des soins qui y sont pratiqués et le dévouement du personnel, il a du mal à comprendre les résistances dans ces services concernant la fin de vie.
Ce directeur d'études à l'Ecole des Hautes études en sciences sociales est l'auteur d'un livre A la vie, à la mort , aux éditions Autrement dans lequel il évoque sa plongée au coeur des unités de soins palliatifs pendant plusieurs années.
Le chercheur regrette la frilosité de certains médecins face à la demande de mort de certains patients et de leur famille. "Aujourd'hui la médecine qui aidait le malade au moment où il avait besoin qu'on l'aide à partir s'en remet aux soins palliatifs ".
En Belgique, la loi a facilité le dialogue
Et pourtant selon lui, ça n'est pas dans ces unités que l'on trouve la bonne réponse à cette demande de fin de vie assistée. Le sociologue estime qu'il faut lever l'interdiction d'euthanasie et qu'elle ne provoquera pas plus de demandes qu'en Belgique par exemple où elle est autorisée depuis 2002.
Steven Laureys, médecin et chercheur à l'université de Liège, estime que la loi a facilité le travail des médecins et la transparence du dialogue avec les familles.
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