Accusé d'agressions sexuelles aggravées par l'actrice Adèle Haenel, le réalisateur Christophe Ruggia sera jugé les 9 et 10 décembre

La juge d'instruction a retenu deux circonstances aggravantes : la minorité de l'actrice au moment des faits et la position d'autorité du cinéaste.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le réalisateur Christophe Ruggia au tribunal de Paris, le 29 juin 2023, et l'actrice Adèle Haenel à la salle Pleyel à Paris, le 28 février 2020. (PAUL-LOUIS GODIER,BERTRAND GUAY / AFP)

Une juge d'instruction a ordonné, mardi 3 août, que le réalisateur Christophe Ruggia soit jugé les 9 et 10 décembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour des agressions sexuelles aggravées commises sur l'actrice Adèle Haenel, a appris franceinfo auprès du parquet de Paris samedi, confirmant une information de l'AFP. Les faits se sont produits entre le 1er septembre 2001 et le 10 février 2004.

La magistrate a en revanche décidé d'un non-lieu concernant les accusations d'agressions sexuelles durant deux festivals internationaux de cinéma, à Marrakech et au Japon. Elle a retenu deux circonstances aggravantes : la minorité de l'actrice au moment des faits et la position d'autorité du cinéaste. Le mis en cause encourt une peine de dix ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende. 

"Plus de vingt ans après le début des agressions pédocriminelles que j'ai subies durant des années, et à la suite d'un chemin douloureux et inlassable pour obtenir justice, je reçois aujourd'hui la nouvelle du procès avec beaucoup d'émotion", a réagi Adèle Haenel auprès de Mediapart. "J'espère que cette nouvelle donnera de la force à toutes celles et ceux qui œuvrent contre les violences patriarcales dans la société et sans lesquels je n'aurais moi-même pas la force de persévérer dans la quête de justice aujourd'hui", a-t-elle ajouté.

La juge d'instruction souligne "les répercussions psychologiques" des agressions

Sollicitée par franceinfo, Fanny Colin, avocate de Christophe Ruggia, ne souhaite pas faire de commentaire sur le fond, mais tient à souligner le fait que la juge d'instruction a prononcé un non-lieu "pour une partie des faits dénoncés par Madame Haenel". L'avocate a aussi tenu à rappeler que "l'obligation de soins initialement ordonnée dans le cadre du contrôle judiciaire de Christophe Ruggia a été immédiatement supprimée par la chambre de l’instruction".

Dans son ordonnance de renvoi consultée par l'AFP, la juge d'instruction a souligné notamment les dénonciations "de manière circonstanciée, constante et précise" d'Adèle Haenel, "son état de sidération" au moment des faits, "les répercussions psychologiques" des agressions, "l'importante différence d'âge entre les deux protagonistes" et "la survenance d'une contrainte psychologique progressive" imposée par le réalisateur. 

Adèle Haenel avait déposé plainte le 21 novembre 2019

Une enquête préliminaire avait été ouverte le 6 novembre 2019, des chefs d'agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité et harcèlement sexuel au préjudice d'Adèle Haenel, après les déclarations de la comédienne à Mediapart dans un article paru le 3 novembre 2019, mettant en cause Christophe Ruggia. Les investigations avaient été confiées à l'Office central pour la répression des violences aux personnes. Adèle Haenel avait été entendue le 21 novembre 2019 et avait déposé plainte.

Dans ce dossier, Christophe Ruggia est mis en examen depuis le 16 janvier 2020 pour "agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime". Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec notamment une interdiction de contact avec Adèle Haenel, une obligation d'informer la juge d'instruction de tout déplacement hors du territoire national ainsi qu'une obligation de soins.

Adèle Haenel s'est constituée partie civile dans ce dossier. L'instruction a permis la réalisation de nombreuses auditions de proches et de l'équipe du film, des expertises psychiatrique et psychologique de Christophe Ruggia, ainsique de l'expertise pour exploitation du matériel informatique et téléphonique. Le mis en cause a été entendu à trois reprises par la juge d'instruction. Une confrontation a aussi été organisée le 29 juin 2023.

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