"On a encouragé Gérard Depardieu à se comporter comme un porc", dénonce Michel Broué, à l'initiative d'une tribune de soutien au mouvement #MeToo

Le mathématicien, compagnon d'Anouk Grinberg, explique sur franceinfo qu'il refuse "de se reconnaître dans cette masculinité hégémonique" qui "se confond surtout avec le problème du pouvoir".
Article rédigé par franceinfo
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Gérard Depardieu au Festival du film d'El Gouna, en Egypte, le 24 octobre 2020. (AMMAR ABD RABBO / EL GOUNA FILM FESTIVAL / AFP)

"Les hommes doivent manifester une solidarité", estime ce mercredi sur franceinfo, Michel Broué, mathématicien et compagnon de la comédienne Anouk Grinberg. Il est à l'initiative d'une tribune de soutien de "100 hommes" au mouvement #Metoo, publiée mardi 30 avril sur le site internet du magazine Elle. Elle a été signée par les comédiens Reda Kateb, Swann Arlaud, Mathieu Amalric, le réalisateur Jacques Audiard, le journaliste Edwy Plenel ou encore l'historien Benjamin Stora.

La parole des hommes "manquait", regrette Michel Broué qui a été touché par le discours de Judith Godrèche lors de la cérémonie de la 24e cérémonie des César en février dernier. "Je parle, mais je ne vous entends pas", avait déclaré l'actrice qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, pour des violences sexuelles et physiques lors de son adolescence, que ces derniers nient. "Elle s'adressait à son milieu, mais elle s'adressait aussi à l'ensemble du pays, aux femmes et aux hommes. En tout cas, je me suis senti concerné", explique Michel Broué sur franceinfo ce mercredi.

Dans cette tribune, "on écrit de manière claire qu'on a pris en pleine face ce que nous a appris le mouvement #Metoo, ça nous a fait comprendre des choses", confie le mathématicien. Selon lui, "il y a évidemment des salauds patentés" mais il y a aussi "des gens complètement inconscients".

Depardieu "n'a pas compris que ce qu'il faisait au cinéma, il ne devait pas le faire dans la vie"

Michel Broué s'interroge sur son éducation, ses références culturelles en prenant l'exemple de Georges Brassens, "un poète que tout le monde ou presque aime". Il cite la chanson "Je suis un voyou" et plus précisément les paroles suivantes : "Elle m'a dit, d'un ton sévère : qu'est-ce que tu fais là ? Mais elle m'a laissé faire. Les filles, c'est comme ça." Michel Broué commente : "Bien sûr que Brassens ne disait pas par là qu'il était un agresseur ou qu'il fallait agresser, mais ce genre de phrases ont nourri des illusions.

Comme écrit dans la tribune, Michel Broué refuse "de se reconnaître dans cette masculinité hégémonique" qui "se confond surtout avec le problème du pouvoir". Or, "le pouvoir s'exerce avant tout par les hommes sur les femmes" et "se manifeste par des abus sexuels", dénonce-t-il.  

Sa compagne Anouck Grinberg a dénoncé en mars dernier, les "salaceries" de Gérard Depardieu "du matin au soir" sur le tournage du film Les volets verts en 2021. L'acteur, déjà mis en examen pour viol, sera jugé en octobre 2024 pour agressions sexuelles. "On l'a encouragé à se comporter comme un porc [...] On l'a encouragé, on l'a payé pour ça", dénonce Michel Broué en citant le film Les valseuses. "Ce gars-là, je pense qu'il n'a pas compris que ce qu'il faisait au cinéma – et qu'on avait tort de lui faire faire au cinéma – il ne devait pas le faire dans la vie", commente-t-il en invitant chacun à se battre pour une "véritable égalité entre les hommes et les femmes" et pour mettre fin à ces comportements, violences sexistes.

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