Le gynécologue Emile Daraï, accusé de viols, est définitivement démis de ses fonctions de chef de service à l'hôpital Tenon
Ce gynécologue parisien, spécialiste de l'endométriose, est visé par au moins six plaintes pour viol.
Le professeur Emile Daraï, chef du centre endométriose de l'hôpital Tenon à Paris jusqu'au 8 octobre dernier, est définitivement démis de ses fonctions à la tête de ce service, alors qu'il est visé par au moins six plaintes pour viol. C'est l'une des conclusions de la commission d'enquête interne de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) révélée jeudi 9 décembre par franceinfo. Le praticien est visé par au moins six plaintes pour viol, dont un dénoncé par une mineure.
"Le caractère standardisé, rapide, technique et sans affect de la consultation, parfois brutal et sans empathie ne saurait convenir", écrit la commission d'enquête interne à l'AP-HP dans la conclusion de son rapport qui ne retient toutefois "aucune connotation sexuelle alors que certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes". Ces manquements, ainsi que "la douleur, l'information, l'absence d'empathie sont les caractéristiques de ce que la Haute autorité de santé qualifie de maltraitance ou d'absence de bientraitance."
Situation absurde pour une des victimes
Si le professeur Daraï n'est désormais plus chef de service, il peut continuer d'exercer ses fonctions de gynécologue. "Je suis assez estomaquée par cette décision", réagit Agnès* qui avait fait un signalement à l'hôpital Tenon en 2014 après avoir consulté le gynécologue. "Les blessures des victimes sont niées à un tel point que l'on considère que cela peut continuer, dénonce-t-elle, c'est grosso modo 'on n'est pas d'accord avec les pratiques du professeur Daraï, mais il peut continuer à les avoir'".
"Découvrir aujourd'hui, qu'il y a une omerta autour des violences gynécologiques à l'hôpital Tenon et ailleurs, ça me fait grincer des dents."
Agnès, ancienne patiente du professeur Daraïà franceinfo
Les conclusions du rapport de l'AP-HP arrivent trop tard selon Agnès. "Dans le monde des patientes c'est connu depuis des années que le professeur Daraï est un professeur brutal, témoigne son ancienne patiente, et c'est connu dans le monde médical."
"J'ai pris connaissance avec tristesse de leur ressenti"
Dans une lettre envoyée mardi 7 décembre au directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch, le médecin, qui consulte toujours, se dit "contraint de reconnaître que ces femmes ont pu percevoir l'examen clinique que j'ai pratiqué comme dénué d'empathie et de bienveillance". "J'ai pris connaissance avec tristesse de leur ressenti", écrit le professeur Daraï.
"J'en suis profondément désolé et tiens à leur présenter mes plus sincères excuses."
Le professeur Emile DaraïLettre envoyée à Martin Hirsch
Après 41 auditions menées, la commission d'enquête interne à l'AP-HP estime que "l'obligation d'information des patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n'ont pas été respectés" et que "la situation actuelle est le fruit de dysfonctionnements individuels mais aussi collectifs et systémiques."
Une "charte commune de bonnes pratiques"
L'AP-HP décide par ailleurs d'afficher une "charte de bonnes pratiques" dans l'ensemble de ses services de gynécologie-obstétrique, de fournir un "document d'information" à destination de chaque patiente et de "renforcer l'efficacité du traitement des réclamations portant sur ses pratiques médicales". Son organisation pyramidale est enfin "appelée à évoluer" car elle peut être, selon l'AP-HP, "à l'origine de dysfonctionnements."
Le professeur Emile Daraï fait l'objet d'accusations de viols depuis une première plainte déposée par une jeune femme de 17 ans et à la suite de laquelle le parquet de Paris a ouvert, le 28 septembre dernier, une enquête pour "viol par personne ayant autorité sur mineur de plus de 15 ans". Après une seconde plainte reçue le 30 septembre, le parquet de Paris a élargi cette enquête à l'infraction de "viol en réunion" et les investigations ont été reprises par le 2e district de police judiciaire. Selon les informations de franceinfo, le praticien est désormais visé par au moins six plaintes.
* Le prénom a été modifié
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