"Il faut qu'elles se sentent écoutées" : face aux violences sexuelles, le monde de la voile veut mieux accompagner les victimes
Stop à "l'omerta" dans le milieu de la voile et de la course au large, c'est le message d'une tribune qui circule depuis fin septembre et qui demande la fin de la loi du silence et de l'immobilisme concernant les agressions sexuelles. Ce texte est publié après l'ouverture, début juillet, d'une enquête par le parquet de Paris pour agression sexuelle visant le skipper Kevin Escoffier. Cette affaire a été un détonateur.
Pourtant, dans le petit milieu de la voile à l'image bien policée, c'est un secret de polichinelle. Selon les 1 500 signataires de la tribune, dont beaucoup de grands noms de ce sport comme Loïck Peyron et Isabelle Autissier, l'affaire Kevin Escoffier est loin d'être un cas isolé. Beaucoup savent que d'autres victimes gardent le silence et il faut que cela cesse, est-il écrit dans cette tribune.
Cette situation est insupportable pour Anne-Claire Le Berre qui navigue sur tous types de bateaux depuis plus de 10 ans : "Il y a beaucoup de choses qui se savent, qui ont été faites et qui ne sont jamais sanctionnées".
"C'est souvent la peur ou la honte qui empêche certaines personnes de s'exprimer et ça, il faut que ça s'arrête"
Anne-Claire Le Berre, navigatriceà franceinfo
C'est un sujet délicat, reconnaissent les initiateurs de ce texte. Tout cela se passe sur les pontons, les courses et il faut cesser l'impunité. Il faut un meilleur "accompagnement des potentielles victimes, explique la navigatrice Clarisse Crémer, débarquée par son sponsor après être devenue maman et signataire de la tribune. Il faut qu'elles se sentent écoutées et qu'à aucun moment, elles puissent avoir peur de témoigner ou de se dire que ça puisse mettre en danger leur carrière professionnelle".
Cela concerne tout le monde d'après un autre signataire, François Gabart, marin et chef d'entreprise. "Évidemment, on s'interroge. On se demande si chez nous on a tout mis en place pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de problème et si jamais il y a des problèmes, qu'ils puissent être traités de la manière la plus efficace possible", indique-t-il. Cette tribune souligne d'ailleurs que ne rien faire et ne rien dire revient à cautionner.
Concernant Kevin Escoffier, il doit être entendu au mois d'octobre par la commission de discipline de la Fédération française de voile. Le skipper risque jusqu'au retrait à vie de sa licence et donc, de ne plus pouvoir naviguer.
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