"Il y a une banalisation des bizutages et des violences sexuelles dans l'enseignement supérieur" estime la présidente de l'UNEF
Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant UNEF, s'alarme des bizutages et violences sexuelles lors des soirées d'intégration. Le syndicat lance une campagne de sensibilisation.
"On a une banalisation des bizutages et des violences sexuelles dans l'enseignement supérieur" a expliqué mardi 1er octobre sur franceinfo Mélanie Luce, la présidente du syndicat étudiant UNEF, alors que s'ouvre une campagne de sensibilisation contre le bizutage organisée par plusieurs associations. Le début de l'année scolaire est la période où de nombreuses soirées d'intégration sont organisées. Les associations s'inquiètent d'éventuelles violences et violences sexuelles.
franceinfo : Le bizutage c'est encore une réalité en France ?
Mélanie Luce : Oui, le bizutage est encore une réalité. C'est pourtant interdit. C'est un délit et on a de nombreuses victimes de ce bizutage. C'est malheureusement ancré dans les moeurs, c'est considéré comme le folklore étudiant. On a donc beaucoup de mal à faire avancer les choses même si on a une baisse d'actes de bizutage sur les universités. Lors des week-ends d'intégration, il y a un vrai sujet. Comme le montre la campagne qui est lancée aujourd'hui, ce bizutage peut se faire par le biais de violences sexuelles. C'est encore plus violent.
Depuis 2014, le collectif féministe contre le viol a reçu 88 témoignages de victimes de violence lors de week-ends d'intégration dont 49 viols. Ce sont des chiffres qui sont beaucoup trop importants ?
Il faut que l'ensemble des soirées et week-ends d'intégration comportent des dispositifs de sécurité. Ces dispositifs doivent s'assurer qu'il n'y ait ni bizutage ni problème de sécurité. Il faut également une prévention sur la question des violences sexistes et sexuelles pour diminuer le nombre de victimes. Concrètement, il existe une charte depuis l'année dernière. Elle régit les événements festifs et rappelle l'interdiction du bizutage. Elle demande à chaque université de se cantonner à la Charte et donc d'interdire le bizutage, de s'assurer qu'il n'y ait pas une consommation excessive d'alcool. Pour nous, l'enjeu maintenant c'est que le respect de cette charte soit obligatoire. Il y a trop d'universités où elle n'est pas appliquée. On en voit les conséquences avec la mort d'un étudiant récemment. Il a consommé trop d'alcool.
Il y a des réticences à rendre cette charte obligatoire ?
Oui, il y a des réticences dans la communauté universitaire. L'ensemble des acteurs n'avance pas sur le sujet. On constate que, quand on fait des réunions de rentrée en début d'année, on a des étudiants qui appellent à la soirée d'intégration en simulant un viol sur la scène. Il n'y a aucune réaction derrière malgré l'interpellation de notre syndicat et des responsables pédagogiques. On a une banalisation des bizutages et des violences sexuelles dans l'enseignement supérieur. Il y a des dynamiques qui sont lancées pour agir mais il faut aller plus loin.
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