Isild Le Besco porte plainte pour viol contre le réalisateur Benoît Jacquot : "J'ai été très soutenue, ça m'a portée pour oser braver ce dernier interdit", témoigne l'actrice
"J'ai été très soutenue, ça m'a portée pour oser porter plainte et braver ce dernier interdit, ce dernier reste d'aliénation", raconte l'actrice Isild Le Besco, sur Mouv', jeudi 30 mai. Elle a annoncé mercredi dans le journal Libération, qu'après avoir longuement hésité, elle a finalement déposé une plainte contre le réalisateur Benoît Jacquot pour des faits de viols sur mineur de plus de 15 ans, commis entre 1998 et 2007.
"Mais c'est très dur, parce que l'agresseur numéro un de la France, dans beaucoup de pays, c'est la justice", affirme l'actrice, qui avait notamment porté plainte en 2018 dans une autre affaire qui avait été classée sans suite. "Aujourd'hui, ce qui fait le plus de mal aux femmes, aux enfants, c'est la justice", poursuit-elle, "parce qu'être flouée, maltraitée et tapée, écrasée, rabaissée par un homme, c'est une chose, mais contre son bras armé, la justice française, c'est choc sur choc, et en général, on ne s'en remet pas."
Elle ajoute qu'elle "n'espère rien" de cette plainte, "parce que j'ai espéré par le passé que la justice en état une, mais la justice est fabriquée dans la domination de l'homme". En déposant plainte, "j'offre mon cas," dit-elle. "Ce qui importe, c'est que la justice se désolidarise de la domination, du patriarcat et cesse d'être ce complice absolu de ces prédateurs, de ces agresseurs."
"Important de parler"
Isild Le Besco croit cependant à la nécessité de libérer la parole : "C'est très important de parler de tout ça, et surtout pour les femmes qui ont pu traverser et sortir de toutes ces relations toxiques de parler, parler, parler et écouter, écouter, écouter, parce que cela donne des clés de compréhension", pour "identifier plus vite ces mécanismes" d'emprise et aider les femmes à s'en sortir plus rapidement.
Elle estime que "MeToo fait encore peur, c'est un mot qu'on n'a pas envie d'entendre, c'est un mot qui parle des victimes, mais celles qui parlent ce sont celles qui sont déjà fortes, qui ont déjà réussi à sortir la tête de l'eau". "Il faut une force inouïe pour pouvoir dire, 'j'ai été tapée, on m'a fait mal et je n'ai pas envie que ça se reproduise', il faut une puissance de dingue pour ça", relate-t-elle. Sur sa relation avec Benoît Jacquot et Jacques Doillon, contre lequel elle a également porté plainte en février, elle analyse : "Ces hommes volaient tout naturellement la substance des jeunes filles et ils utilisaient tout un système, mais en fait tous les gens malveillants utilisent toujours un système."
Mais les mots ne suffiront pas à insuffler un réel changement, selon elle. Isild Le Besco ne se dit "pas confiante" sur l'avenir ou de réels changements dans le cinéma ou la société, notamment sur les questions d'inceste. "Il n'y a qu'une vraie loi et des vrais changements qui comptent, pour l'instant tout ça ce ne sont que des mots, que des écrits, et il faut que la réalité suive."
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