Espagne : la colère monte devant la libération prochaine de "La Meute"
En attendant leur procès en appel, le tribunal de Navarre a autorisé la mise en liberté sous contrôle judiciaire de cinq hommes condamnés pour "abus sexuel" sur une jeune femme, il y a deux ans. Cette décision a entraîné la tenue de nombreuses manifestations dans le pays.
La colère monte en Espagne. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs grandes villes espagnoles, vendredi 22 juin, après la libération sous caution de "La Meute". Ce nom désigne cinq hommes qui avaient abusé d'une jeune fille de 18 ans et qui attendent désormais que leur condamnation à des peines de prison soit revue en appel.
Au mois de juillet 2016, les accusés s'étaient filmés prenant en tournante la jeune femme rencontrée pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelune. Les cinq hommes âgés de 27 à 29 ans s'étaient baptisés La Manada ("La Meute") sur leur groupe WhatsApp et avaient été condamnés à neuf ans de prison chacun pour "abus sexuel". En avril dernier, le tribunal de Pampelune avait d'abord écarté la qualification de "viol" pour les faits établis.
"Colère et stupeur devant la libération de 'La Meute'"
Nouveau rebondissement, jeudi, quand l'audience provinciale de Navarre a décidé de la mise en liberté sous contrôle judiciaire des cinq hommes, moyennant une caution de 6 000 euros chacun. Dans sa décision rendue publique vendredi, la justice évoque notamment la pression sociale qui s'exerce sur eux et qui rend "pratiquement impensable" le risque de récidive.
"Le Tribunal de 'La Meute' intensifie la colère en la libérant", titre en une le quotidien catalan La Vanguardia, tandis qu'à Madrid, le journal conservateur ABC proclame en première page "Colère et stupeur devant la libération de 'La Meute'". Des mouvements féministes ont appelé à manifester vendredi soir à Madrid, mais aussi à Valence, à Séville d'où sont originaires les cinq agresseurs, à Saragosse, à Grenade et d'autres villes d'Espagne.
Ya está disponible la primera edición de ABC del sábado 23 de junio en @abckioskoymas https://t.co/wkY7dOgQRB pic.twitter.com/uf1zd99faI
— ABC.es (@abc_es) 22 juin 2018
Les premières manifestations contre "la justice machiste" ont eu lieu dès jeudi à Pampelune, à Barcelone et dans les trois grandes villes du Pays basque : Bilbao, Vitoria et San Sebastian. L'indignation est d'autant plus forte que quatre des cinq condamnés font l'objet d'une enquête pour "abus sexuel" sur une femme de 21 ans en mai 2016, là aussi filmé avec un téléphone portable.
Une pétition recueille des centaines de milliers de signatures
S'ils paient la caution, les condamnés, qui ont déjà passé près de deux ans en détention provisoire, resteront soumis à un contrôle strict : interdiction de quitter l'Espagne et retrait du passeport, obligation de se présenter au tribunal de leur lieu de résidence et interdiction de se rendre à Madrid où réside leur victime. Les cinq jeunes hommes, dont un garde civil et un ancien militaire, attendent par ailleurs leur procès en appel, car le parquet a jugé le jugement trop clément en première instance.
Une pétition lancée en ligne sur le site change.org contre la libération des condamnés a déjà recueilli plus de 600 000 signatures. La décision du 26 avril avait déjà provoqué une vague de manifestations dans toute l'Espagne, où les mouvements féministes sont particulièrement puissants. "Le gouvernement respecte les décisions de justice", mais "il a été surpris par la décision de mise en liberté provisoire", avait alors déclaré sa porte-parole, Isabel Celaa.
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