Viols et soumission chimique à Mazan : les audiences du procès ne se tiendront pas à huis clos, à la demande de la victime

Le parquet avait demandé le huis clos en rappelant que des vidéos des faits seraient "nécessairement visionnées" et que "non seulement la publicité des débats serait dangereuse mais [elle] porterait aussi atteinte à la dignité des personnes".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Gisèle Pélicot et sa fille entrent à la cour criminelle départementale du Vaucluse, à Avignon, pour la première audience du procès de son mari et de 50 hommes pour viols aggravés, le 2 septembre 2024. (CHRISTOPHE AGOSTINIS / MAXPPP)

"La honte doit changer de camp", a asséné l'un des avocats de la victime. Conformément au souhait de Gisèle Pelicot, la cour criminelle du Vaucluse a refusé, lundi 2 septembre, le huis clos pour le procès de Dominique Pelicot, retraité jugé à Avignon pour avoir drogué son épouse et recruté des dizaines d'inconnus sur internet pour la violer, ce pendant dix ans.

"Les débats seront publics", a tranché le président de la cour criminelle du Vaucluse, composée de cinq magistrats professionnels, après une courte suspension de séance. Même s'il y aura "des moments extrêmement difficiles", Gisèle Pelicot, 72 ans, "estime qu'elle n'a pas à se cacher", qu'elle "n'a pas à avoir honte". Une position partagée par les trois enfants du couple, tous parties civiles.

Le ministère public avait défendu sa demande de huis clos en rappelant que des vidéos des faits, filmées par le mari, seraient "nécessairement visionnées" et que "non seulement la publicité des débats serait dangereuse mais [elle] porterait aussi atteinte à la dignité des personnes". "Il ne faut pas que ce soit un spectacle", avaient également demandé certains avocats des coaccusés, au nombre de 50.

"Il reconnaît ce qu'il a fait"

Ce procès, rarissime par le nombre total d'accusés, 51, va se dérouler jusqu'au 20 décembre. Lors de l'instruction, le mari avait reconnu qu'il administrait de puissants anxiolytiques à sa femme, à son insu, pour ensuite la faire violer par des hommes contactés sur internet. Pas moins de 92 faits ont été comptabilisés, dont les premiers remontent à 2011, et qui se sont ensuite poursuivis jusqu'à l'automne 2020.

"Il a honte de ce qu'il a fait, c'est impardonnable", a plaidé auprès de la presse son avocate, estimant qu'on est dans ce dossier "dans une forme d'addiction" : "Il reconnaît ce qu'il a fait, il n'y a pas eu une once de contestation depuis le début." Pompier, artisan, infirmier, gardien de prison ou encore journaliste ; célibataires, mariés et pères de famille ou divorcés : la majorité des accusés sont venus une fois, dix plusieurs fois, jusqu'à six fois pour certains. Mais ils ne souffrent d'aucune pathologie psychique notable, ont insisté les experts.

Gisèle Pelicot "va vivre pour la première fois, en différé, les viols qu'elle a subis pendant dix ans", car elle n'en a "aucun souvenir", a insisté son second avocat, à l'AFP. Dominique Pelicot, qui participait aux viols et les filmait, sans réclamer aucune contrepartie financière, est également mis en cause dans deux autres dossiers par le pôle "cold cases" de Nanterre, en région parisienne : un meurtre avec viol à Paris en 1991, qu'il nie, et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, qu'il reconnaît, après avoir été confondu par son ADN.

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