Français soupçonné de viols sur des dizaines d'enfants en Asie : "Une affaire d'ampleur" qui reste "exceptionnelle"
Ludivine Piron, chargée de projet de l’association ECPAT France, estime qu'il s'agit d'un "phénomène global, mondial".
Un enseignant français, soupçonné d'avoir violé une cinquantaine d'enfants en Asie, a été mis en examen. Il s'agit d'"une affaire d'ampleur" qui reste "exceptionnelle", a assuré sur franceinfo vendredi 5 avril Ludivine Piron, chargée de projet de l’association ECPAT France, qui lutte contre la prostitution des enfants et le tourisme sexuel en Asie. Le mis en cause, qui a reconnu la plupart des faits en garde à vue, aurait commis ses actes en Thaïlande, Malaisie, Philippine et en Inde.
L'Asie du Sud-Est "reste aujourd’hui un très gros pôle où on retrouve énormément de ces situations. Mais aujourd’hui, c’est un phénomène global, mondial et on peut trouver cette situation dans énormément de pays, voir tous les pays du monde", affirme cette membre de l'association ECPAT France. "L’une des actions que l’on essaie de promouvoir au maximum, c’est celle du signalement", explique-t-elle.
franceinfo : Est-ce du déjà vu ?
Ludivine Piron : On a eu quelques précédents qui sont quand même très rares avec des affaires de ce type, avec de nombreuses victimes identifiées, maintenant cela reste vraiment exceptionnel et cela reste une affaire d’ampleur aujourd’hui. Cela fait assez longtemps qu’on travaille sur le sujet, avec la démocratisation du voyage et avec les affaires qui se multiplient par rapport à l’exploitation sexuelle des enfants dans le cadre du voyage et du tourisme, c’est quelque chose qu’on prend plus au sérieux, même s’il y a encore pas mal d’efforts à faire notamment sur la médiatisation et sur la connaissance du sujet par le grand public.
Les faits dans ce cas précis seraient centrés sur l’Asie du Sud-Est…
Historiquement, l’exploitation sexuelle dans les voyages et le tourisme par rapport aux enfants, c’était l’Asie du Sud-Est qui était ciblée. Le réseau ECPAT a commencé à travailler sur ces questions-là, en Thaïlande, au Cambodge et au Sri Lanka. Cela reste aujourd’hui un très gros pôle où on retrouve énormément de ces situations. Mais aujourd’hui, c’est un phénomène global, mondial et on peut trouver cette situation dans énormément de pays, voire tous les pays du monde. En tant qu’association, on ne travaille pas avec les autorités locales, mais avec beaucoup d’associations sur place dans ces pays. La police française collabore avec les autorités locales, notamment dans le cadre de grand réseau via Interpol par exemple. Cela reste plus difficile avec des polices locales qui ne sont pas formées sur ces questions d’exploitation sexuelle des mineurs.
Du côté des adultes suspectés ou reconnus coupables de viols, viennent-ils de partout dans le monde ?
Dans les années 90, on avait ce cliché de l’abuseur européen qui partait en Asie du Sud-Est pour abuser d’enfants. Aujourd’hui, on part du principe qu’on n’a pas d’abuseur type. On a une grande majorité d’hommes abuseurs qui viennent de pays occidentaux, mais on a aussi beaucoup de nationaux qui dans leur pays profitent de ces situations possibles d’exploitation sexuelle d’enfants qui peuvent voyager en Thaïlande, de Bangkok à Pattaya pour aller profiter de ces situations. Ça peut être des hommes célibataires, des personnes qui sont père ou mère de familles, il y a beaucoup d’abuseurs possibles.
Et l’âge des victimes ?
Dans les situations d’exploitation sexuelle d’enfants, très clairement, c’est de 0 à 18 ans. Il y a des bébés qui sont victimes d’exploitation sexuelle, des nourrissons âgés de quelques mois et des jeunes filles qui sont mineures et qui sont victimes d’exploitation sexuelle.
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