Un rassemblement du collectif MeToo Théâtre à Paris pour dénoncer "les agressions sexuelles, les remarques sexistes"
À l'initiative du collectif "MeToo Théâtre", environ 200 personnes se sont réunies samedi 16 octobre à Paris pour dénoncer les agressions sexuelles dans le milieu du spectacle vivant.
Le lieu de rendez-vous n'avait pas été choisi au hasard : sur la place du Palais-Royal à Paris, à côté de la Comédie-Française et à quelques pas du ministère de la Culture. Depuis plusieurs jours, les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions sexuelles dans les coulisses du monde de la culture. Longtemps, une sorte d'omerta a prévalu. Elle est en train de voler en éclats.
La peur, la honte et un immense sentiment d'impuissance ont longtemps empêché Alice de parler. Et c'est encore douloureux pour elle d'évoquer ce viol, commis par un metteur en scène renommé lors d'un rendez-vous chez lui sous un prétexte professionnel. C'était en 2012, elle avait 19 ans. "J'ai fait une amnésie traumatique quand je suis sortie de chez lui", raconte la jeune femme.
"Le théâtre est devenu un trauma alors que c'était ma passion."
Alice, victime d'un viol en 2012à franceinfo
Une enquête est en cours. "Je ne voulais pas porter plainte, dit Alice. Mais #MeToo a permis une libération de l'écoute, et ma parole a pu être entendue et reçue." C'est aussi pour cette raison que Sophia Antoine, comédienne depuis une vingtaine d'années, a témoigné il y a quelques jours sur Twitter. "Mon parcours est jalonné d'agressions sexuelles, de remarques sexistes", affirme-t-elle.
En coulisses, un comédien m’embrasse dans le cou, se frotte à moi et m’agresse sexuellement. Quand j’en fais état, on m’explique que c’est le personnage de laquais lubrique qu’il incarne, qui en est la cause. #MeTooTheatre
— sophiasept (@sophiasept) October 11, 2021
Cette parole se libère, mais a encore du mal à être entendue dans un milieu très masculin et fermé, regrette Enia, cofondatrice du collectif Héroïnes 95 : "C'est un petit microcosme, c'est très difficile de briser l'omerta parce que tout le monde se connaît. Quand on est au cœur de ces institutions, on ne peut pas prendre la parole et dénoncer ce qu'il s'y passe, sinon notre carrière s'arrête."
"Se rendre compte de l'ampleur du phénomène"
Et pourtant les victimes sont nombreuses, affirme Agathe Charnet, cofondatrice du collectif MeeToo Théâtre : "On reçoit par mail ou sur les réseaux des centaines de témoignages, qu'on prend avec beaucoup de soin et de précautions. On n'est pas là pour lancer une chasse aux sorcières, l'objectif est qu'on se rende compte de manière quantitative de l'ampleur du phénomène et qu'on réagisse."
Une des solutions serait qu'il y ait davantage de parité, sur scène, mais aussi à la direction des théâtres nationaux et des institutions culturelles.
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