Cet article date de plus de deux ans.

Vidéo Accusations de violences sexuelles contre Nicolas Hulot : "J'ai le souvenir de cette violence, de cette agression, de ses mains sur moi", témoigne Cécile

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Cécile : “J’ai le souvenir de cette violence, de cette agression, de ses mains sur moi.”
Cécile : “J’ai le souvenir de cette violence, de cette agression, de ses mains sur moi.” Cécile : “J’ai le souvenir de cette violence, de cette agression, de ses mains sur moi.”
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Cécile est l'une des femmes dont "Envoyé spécial" a recueilli les témoignages. Elle accuse Nicolas Hulot de l'avoir agressée sexuellement en 1998, à Moscou, où elle travaillait.

Cécile a 23 ans en 1998. A l'époque, elle travaille pour l'ambassade de France à Moscou. Elle est chargée de résoudre les questions logistiques à l'ambassade, elle gère les problèmes de visas ou les complications en douanes. Un jour, elle reçoit un coup de fil de son supérieur. Et une consigne : elle doit régler un problème de toute urgence. Le matériel du journaliste Nicolas Hulot est bloqué à l'aéroport de Moscou et il faut l'aider. C'est le président de la République de l'époque Jacques Chirac lui-même qui le demande.

Finalement, l'équipe de tournage d'"Ushuaïa" est autorisée à entrer sur le territoire russe. Pour la remercier, Nicolas Hulot l'invite à dîner avec son équipe dans le restaurant de son hôtel, puis dans une boîte de nuit pour boire un verre. Lors de cette soirée, quelques heures plus tard, Cécile affirme avoir été agressée sexuellement par Nicolas Hulot. Nous retranscrivons ci-dessous ses propos livrés dans l'émission "Envoyé spécial"


"Donc on dîne à l'hôtel Novotel de Cheremetievo. Suite au dîner, il propose d'aller faire un tour en ville, d'aller boire un verre en ville. Et on y va. On va dans une boîte dans le centre de Moscou. Une boîte très, très sélect. C'était une grande salle très illuminée. Il y a de la musique, il y a un grand bar, il y a des tables de type 'mange debout'. Et Nicolas Hulot m'offre un Martini blanc. 

"Et il insiste, il insiste"

Là, je me retrouve un peu désemparée car parce que qu'est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui est aussi célèbre... J'ai juste rien à lui dire. Et comme la boîte est réputée pour ses belles femmes, j'ai dit : 'Je suis un peu surprise parce qu'il n'y a pas tant de jolies femmes.' Il n'y a pas de femmes d'une beauté exceptionnelle, contrairement à ce qu'on m'avait raconté sur cet endroit. Je n'ai rien à lui dire en réalité. Donc, je trouve le premier sujet qui passe. Et c'est vrai que voilà, il y a des gens, mais rien de transcendant. Et il me répond : 'Ah si, il y en a une qui est magnifique'. Et je dis : 'Ah bon ? Où ça ?' Il me répond : 'Eh ben c'est toi'. Alors là, 'warning, warning'. Ça ne va pas du tout.

"Je dis : 'Ok, on arrête, je vais rentrer'. Et là, c'est le drame parce qu'il décide aussi de rentrer."

Cécile

à l'émission "Envoyé spécial"

'Ah, mais tu rentres comment ?' [me dit-il]. Je vais prendre un taxi, à Moscou, c'était chose très courante. On arrête les voitures, on se fait ramener, c'était comme ça qu'on faisait à l'époque. J'avais dû mentionner que j'habitais pas très loin de la route de l'aéroport, et il dit : 'On prend le même taxi parce qu'on va sur le même chemin'. Il faut remettre encore dans le contexte. J'ai 23 ans. Nicolas Hulot. Elysée. Bon, ok, on dit 'Oui, oui monsieur'.

Et on monte dans le taxi. Il me tarde qu'une chose, c'est que cela finisse parce que l'ensemble m'a mise très mal à l'aise. Dans la voiture, il commence à me parler. 'Qu'est-ce que tu fais ?' Parce que je rentrais en France à la fin du mois de septembre, j'avais été prise en DESS, je mettais fin à mon contrat. Et je repartais faire des études à Paris. C'est là qu'il devient entreprenant puisqu'il me dit : 'Si tu veux, je peux t'aider à avoir un boulot à TF1'. Je lui dis : 'Non merci, je vais me débrouiller, j'ai pas besoin, ça va bien se passer'. Et là, il pose sa main sur ma cuisse, et il me dit : 'Si tu veux, je peux t'aider à avoir un boulot à TF1'. Je dis : 'Non merci'. Je décale la main. Et il insiste, et il insiste. 

"Après, ce n'est plus la main sur la cuisse, il se jette sur moi. Il essaie de m'embrasser, il me touche les seins, l'entrejambe."

Cécile

à l'émission "Envoyé spécial"

Je suis en jupe de tailleur. Je me débats. Je l'ai repoussé. Je l'ai frappé au visage. Parce que je suis dans un taxi, il est sur moi. J'ai frappé comme j'ai pu, ce que j'ai pu, ce que j'ai pu faire. Je crois que le 'Non' a été très clair. Le 'Non' une fois, le 'Non' deux fois, je crois que j'ai clairement exprimé que je ne souhaitais pas avoir une relation sexuelle avec ce monsieur. 

"J'ai le souvenir de cette violence, de cette agression"

J'ai le souvenir de cette violence, de cette agression, de ses mains sur moi. Et après je me revois chez moi dans le noir, dans mon appartement et entre je ne sais pas comment je suis sortie du taxi. Je ne sais pas. Je ne me rappelle pas."

[A l'époque, Cécile n'envisage pas de porter plainte.] "En Russie ? A Moscou ? Contre un ami du président Jacques Chirac ? Non, non, je ne l'ai pas envisagé du tout. Jamais. Comment ? Qui ? La question ne s'est même pas posée. C'est un ami de Jacques Chirac. Toutes les demandes arrivent de l'Elysée. Non, ça ne m'est pas venu à l'idée."


Extrait de "Nicolas Hulot : des femmes accusent", diffusé dans "Envoyé spécial" le 25 novembre 2021.

Les faits décrits par Cécile sont prescrits. Nicolas Hulot est présumé innocent. Les journalistes d'"Envoyé spécial" ont contacté Nicolas Hulot et ses avocats à plusieurs reprises. Il a refusé de répondre à leurs questions face à une caméra. Ses avocats ont également décliné les demandes d'interview. Ils ont fait savoir que leur client conteste fermement les faits, et affirme plus généralement n'avoir jamais agressé une femme dans sa vie. 

Joint par téléphone le 9 novembre 2021, Nicolas Hulot affirme : "Je suis anéanti, je n'ai jamais eu de relations ambiguës. (...) Vous savez très bien que ce sera parole contre parole. La parole des hommes est mise en cause, donc ce n'est même plus la peine de se défendre. (...) Non pas parce que je crains ce que j'ai fait, c'est tellement abject, tellement odieux, tellement à des années-lumière de ce que j'ai toujours été et de ce que je suis (...). Et comment voulez-vous que je me souvienne ? Je me souviens surtout de ce que je n'ai jamais fait. Je n'ai jamais de ma vie contraint en quoi que ce soit, qui que ce soit. Jamais, ni de près ni de force. Quand on ne sent pas, qu'on ne séduit pas, ou qu'on n'est pas séduit, on en reste là, c'est comme ça depuis la nuit des temps. (...) Je ne vais pas, moi, contre-attaquer [en disant] que ce sont toutes des menteuses, des trucs comme ça. Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est ce que je n'ai jamais fait. Mais quand on est innocent comme je le suis, innocent d'une manière que vous ne pouvez même pas imaginer... On est de toute façon piégé, quoi que l'on dise, la parole est suspecte. Quoi qu'on dise. Voilà. On ne peut pas se défendre. On ne peut pas se défendre… Parce que dans ce combat légitime, nécessaire des femmes, la parole des femmes est sacrée, et voilà."

> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.