: Vidéo "Envoyé spécial" : "La baffe serait partie si je n'avais pas eu ce rapport de subordination", affirme une ex-collaboratrice de Nicolas Hulot
Elle fait partie des femmes ayant accepté de témoigner dans l'émission "Envoyé spécial" et accuse Nicolas Hulot d'agression sexuelle, en 2001, après une réunion de travail.
C'est une ancienne collaboratrice de Nicolas Hulot. Elle préfère que nous ne donnions pas son identité, mais a accepté de témoigner dans "Envoyé spécial". Elle a travaillé avec lui en 2001, lorsqu'il était présentateur d'"Ushuaïa". Elle estime que Nicolas Hulot a eu un comportement choquant envers elle, qu'elle qualifie d'abus de pouvoir. Les faits se seraient déroulés en septembre 2001, lors de la toute première réunion de travail avec Nicolas Hulot, qui était son supérieur hiérarchique. A l'époque, elle est mère célibataire avec un enfant en bas âge. Cet emploi est très important pour elle.
"Première réunion de travail, nous n'étions que lui et moi. Lui était d'un côté du bureau moi de l'autre : prise de notes, compte rendu, brief, débrief, et la journée qui s'achève dans une atmosphère très studieuse, cordiale, à tonalité neutre. C'est professionnel. A la fin de la réunion, je me lève pour le saluer. Lui se penchant par-dessus le bureau, il m'embrasse alors à pleine bouche. Je vais lui dire au revoir, il y a le bureau entre nous, des gros bureaux de direction, pour vouloir embrasser quelqu'un, il faut quand même le vouloir. On n'a pas de promiscuité du tout pendant cette réunion.
"On est chacun d'un côté du bureau, il y a zéro sous-entendu, c'est la fin de la réunion, il doit être 18 heures, ce n'est pas ni une poignée de main ni une bise, il m'embrasse vraiment à pleine bouche, il n'y a pas de séduction, il n'y a pas de douceur, il n'y avait pas eu du tout de signe. "
Une ancienne collaboratrice de Nicolas Hulotà "Envoyé spécial"
[Il m'embrasse] de force parce que c'est par surprise. Ce n'est pas non plus un baiser léger, c'est vraiment on prend la tête de la personne et on l'embrasse à pleine bouche. C'est très choquant, c'est très inattendu. [Je réagis] mal. Je recule brusquement, je m'enfuis, je prends mes affaires et je me casse. Je dis 'Non', et je recule et je m'en vais.
Je pense que la baffe serait partie si je n'avais pas eu ce rapport de subordination. Si je n'avais pas eu besoin de ce travail. S'il n'y avait pas eu mon enfant en jeu, et son équilibre. Là, j'aurais pu envoyer ma main dans la figure, lui claquer la porte au nez et ne jamais revenir. Il me saute dessus comme si j'étais à sa disposition, comme si c'était un pouvoir, on a l'impression que c'est un droit de cuissage : 'T'es là, je te prends'. C'est tellement inattendu que cela ne peut être que choquant. C'est inadmissible. Je lui dis, et je lui dis ensuite : 'Il n'est pas envisageable qu'il y ait une relation entre vous et moi'. Il me dit 'C'est dommage'.
Sur le chemin du retour, je rentre chez moi, mon téléphone m'indique un message de lui. Il me laisse comme message 'Je n'appelle pas pour m'excuser, mais pour regretter de ne pas en avoir eu plus'. Je lui ai demandé ensuite de ne jamais refaire cela, et il n'a pas recommencé. Il m'a juste dit 'C'est dommage' d'un ton badin. C'est clair qu'il ne prend pas la mesure de ce que cela peut faire chez l'autre."
Extrait de "Nicolas Hulot : des femmes accusent", diffusé dans "Envoyé spécial" le 25 novembre 2021.
Les faits décrits par cette ancienne collaboratrice sont prescrits et ne pourront faire l'objet d'aucune procédure judiciaire. Nicolas Hulot est présumé innocent. Les journalistes d'"Envoyé spécial" l'ont contacté lui et ses avocats à plusieurs reprises. Il a refusé de répondre à leurs questions face à une caméra. Ses conseils ont également décliné les demandes d'interview. Ils ont fait savoir que leur client conteste fermement les faits, et affirme plus généralement n'avoir jamais agressé une femme dans sa vie.
Joint par téléphone le 9 novembre 2021, Nicolas Hulot affirme : "Je suis anéanti, je n'ai jamais eu de relations ambiguës. (...) Vous savez très bien que ce sera parole contre parole. La parole des hommes est mise en cause, donc ce n'est même plus la peine de se défendre. (...) Non pas parce que je crains ce que j'ai fait, c'est tellement abject, tellement odieux, tellement à des années-lumière de ce que j'ai toujours été et de ce que je suis (...). Et comment voulez-vous que je me souvienne ? Je me souviens surtout de ce que je n'ai jamais fait. Je n'ai jamais de ma vie contraint en quoi que ce soit, qui que ce soit. Jamais, ni de près ni de force. Quand on ne sent pas, qu'on ne séduit pas, ou qu'on n'est pas séduit, on en reste là, c'est comme ça depuis la nuit des temps. (...) Je ne vais pas, moi, contre-attaquer [en disant] que ce sont toutes des menteuses, des trucs comme ça. Je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est ce que je n'ai jamais fait. Mais quand on est innocent comme je le suis, innocent d'une manière que vous ne pouvez même pas imaginer... On est de toute façon piégé, quoi que l'on dise, la parole est suspecte. Quoi qu'on dise. Voilà. On ne peut pas se défendre. On ne peut pas se défendre… Parce que dans ce combat légitime, nécessaire des femmes, la parole des femmes est sacrée, et voilà."
> Les replays des magazines d'info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique "Magazines".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.