: Vidéo Richard Berry "a été l'agent de sa chute", selon l'avocate de sa fille, qui a porté plainte contre lui
"Il est très rare d'avoir des dénonciations mensongères quand on parle d'infractions sexuelles sur mineur au sein des familles", a rappelé maître Shebabo, l'avocate de Coline Berry Rojtman, la fille de l'acteur Richard Berry.
"Madame Rojtman ne s'est pas réveillée un matin en se disant, je m'embrouille avec mon père alors je vais déposer plainte. Ce sont des faits qui étaient connus depuis plusieurs années", a déclaré vendredi 5 février sur franceinfo Karine Shebabo, l'avocate de Coline Berry Rojtman, la fille de l'acteur Richard Berry. Elle a porté plainte pour inceste contre son père et son ex-compagne Jeane Manson.
franceinfo : Pourquoi votre cliente choisit de parler aujourd'hui, quasiment 40 ans après les faits qu'elle dénonce ?
À titre liminaire, je tiens à préciser que ma cliente réserve sa parole pour la brigade de protection des mineurs, qui ne l'a pas encore entendue et c'est pour cette raison qu'elle ne s'est pas encore exprimée. Elle souhaite que ce soit les services d'enquête qui recueillent tout ce qu'elle a à dire et à dénoncer et oui, il y a eu un déclic. La lecture du livre de Camille Kouchner [La familia grande] a, pour Coline Rojtman, ouvert un chemin à l'issu d'un long cheminement, d'un long travail de sa part, dont la dernière étape était le dépôt de plainte.
Richard Berry a démenti, il dit que cela fait sept ans que sa fille l'accuse à tort et que son récit a beaucoup évolué avec le temps, est-ce exact ?
Madame Rojtman ne s'est pas réveillée un matin en se disant, "je m'embrouille avec mon père, alors je vais déposer plainte". Ce sont des faits qui étaient connus depuis plusieurs années. Il n'y a eu aucune évolution du récit de Coline Rojtman. Elle a fait une dénonciation dans le cercle familial, on parle d'inceste. On parle ici de la personne qui incarne l'autorité, le père, l'adulte, qui doit protéger et c'est un élément fondamental du débat qu'on oublie beaucoup trop. Coline Rojtman est allée voir un avocat. Elle a déposé plainte. Ensuite, ce qu'il s'est passé, c'est qu'il y a eu un article du Point, faisant référence à un post de Richard Berry, donc c'est Richard Berry qui a publié et fait connaitre l'existence de cette plainte par le bais de cette publication sur les réseaux sociaux. On vient nous parler maintenant d'un tribunal médiatique, je voudrais insister sur le fait que M. Berry a été l'agent de sa chute, puisque c'est lui qui a posté ce texte sur Instagram et ma cliente n'a fait que répondre à ce qui a été dit.
Depuis que la plainte a été révélée, la famille de Richard Berry se déchire entre ceux qui soutiennent votre cliente et ceux qui affirment qu'elle ment. Comment vit-elle ce grand déballage ?
Elle le vit très difficilement. Mais Coline Rojtman vit très difficilement depuis qu'elle est enfant, c'est quelqu'un qui a été meurtrie, mais qui est très apaisée aujourd'hui. On est en train de parler de faits très graves, des faits d'incestes, qui font l'objet d'une plainte.
Il ne s'agit pas d'un règlement de compte entre une fille et son père, comme le laisse entendre l'ex-compagne de Richard Berry, Jeane Manson ?
Mais qui, pour régler des comptes avec son père, va déposer une plainte pour viol ? Qui est capable d'une chose pareille ? Je voudrais insister sur le fait que nous avons comme soutien indéfectible quelqu'un qui était présent auprès de sa fille à l'époque, Catherine Hiegel, qui n'est pas quelqu'un qui manque de crédibilité. Ces femmes qui s'expriment, comme Catherine Hiegel, comme Jeane Manson, sont apparemment des femmes qui ont été victimes de violences conjugales et, ça, c'est très important. Ce sont des femmes qui, en plus d'avoir été les partenaires du mis en cause principal, sont des femmes qui, elles-mêmes, ont été victimes de violences. Il y a un très grand courage de la part de Catherine Hiegel de soutenir sa fille dans ce contexte.
Si les faits sont avérés, ils seront prescrits, est-ce que le risque dans cette affaire n'est pas qu'on en reste indéfiniment à une parole contre une autre et un accusé qui, dans l'opinion, sera forcément coupable ?
Je ne crois pas, je fais confiance au personnel qui travaille dans la protection de l'enfance et les personnes de la brigade des mineurs ou les juges qui interviennent. Si vous les interrogez, ils vous diront qu'à 99,99%, il est très rare d'avoir des dénonciations mensongères quand on parle d'infractions sexuelles sur mineur au sein des familles. Quand on entend, "on ouvre une enquête, c'est une mode", ce n'est absolument pas une mode, il s'agit de répondre à un phénomène qui touche la société française aujourd'hui, la révélation et la dénonciation de faits, la libération d'une parole. Aujourd'hui Coline Rotjman est prête et disposée à rencontrer, à confronter, son père, elle y est préparée.
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