Violences sexuelles aggravées : étendre les gardes à vue jusqu'à 72 heures permettrait de "replacer la victime au cœur de l'enquête", estime le syndicat SCSI

Le nouveau garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a indiqué, jeudi, sa volonté d'étendre les gardes à vue jusqu'à 72 heures dans les affaires de violences sexuelles aggravées.
Article rédigé par franceinfo
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Gérald Darmanin, nouveau garde des Sceaux, décembre 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Étendre les gardes à vue de 48 à 72 heures pour les affaires de violences sexuelles aggravées et de féminicides "ne peut être que bénéfique", estime, vendredi 27 décembre, sur franceinfo Christophe Miette, délégué national de la police judiciaire au Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI), après que le nouveau Premier ministre Gérald Darmanin a fait part, jeudi, de sa volonté d'étendre ce délai. Cela permettrait, selon Christophe Miette, "de moins travailler en urgence", de "poser davantage les choses" et de "replacer la victime au cœur de l'enquête".

Garder les auteurs plus longtemps en garde à vue permettrait également, selon le syndicaliste, de "trouver un hébergement d'urgence beaucoup plus éloigné" pour la victime, de "mieux travailler avec la justice et d'apporter un dossier mieux fini", "même s'il y a derrière, dans la plupart des cas, l'ouverture d'une information". L'audition pourrait être "plus approfondie", et cela permettrait à certains auteurs "de craquer", estime Christophe Miette. "Tout ça, bien sûr, de façon encadrée", précise le policier.

"Il faut que ce soit suivi de faits"

D'autre part, le fait que Gérald Darmanin apporte son expertise d'ancien ministre de l'Intérieur en revenant en tant que ministre de la Justice est "un avantage", selon Christophe Miette, qui se méfie cependant des effets d'annonces. "Il a fait des annonces en mars 2023, notamment sur les cadres de la police, et elles n'ont jamais donné lieu à une application. Il faut que ce soit suivi de faits."

L'allongement de la durée de certaines gardes à vue est une bonne idée, selon le policier, mais "il ne faut pas que ça", tonne-t-il en pointant du doigt les problèmes actuels de la justice : "Il manque des effectifs, du personnel, des places de prison, et il faut un allégement de la procédure pénale qui est beaucoup trop lourde aujourd'hui." S'il n'y a pas assez de places de prison, "il ne faut pas que ces individus, ces auteurs de crimes et délits, se retrouvent dehors comme s'ils n'avaient rien fait", ajoute Christophe Miette.

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