Violences sexuelles dans l'Église : "Il y a une vraie crise et les perdants sont les catholiques", déplore la théologienne Anne Soupa
"Il y a une vraie crise et les perdants sont les catholiques et toute la société", déplore la théologienne Anne Soupa, sur franceinfo, dimanche 10 novembre, après le report des annonces sur l'accompagnement des adultes victimes de violences sexuelles dans l'Église, par la Conférence des évêques de France, "à fin mars, début avril". "Le processus est en train de s'enliser", affirme celle qui a cosigné, fin 2021, un appel à la démission des évêques après la remise du rapport Sauvé. "Avec les évêques, le problème, ce n'est pas ce qu'ils disent, le problème, c'est ce qu'ils ne disent pas, c'est le silence qu'ils maintiennent sur de nombreux sujets", assène-t-elle.
Anne Soupa dénonce une "volonté de rester entre les acteurs cléricaux et de ne pas associer suffisamment les laïcs au processus de réforme", un "système mis en cause par rapport de la Ciase" (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) en 2021. La théologienne explique que le "travail de réforme n'est toujours pas entrepris", alors que "le système est obsolète" et "ne crée que du vide à l'intérieur de l'Église". Selon elle, "l'institution actuelle n'arrive pas à assurer le bien des fidèles et l'annonce de l'évangile". Elle affirme, par ailleurs, que les évêques "ont mis au point mort tous les groupes de travail qui avaient été décidés après le rapport de la Ciase".
"Les archives s'arrêtent dans les années 1970"
Au sujet des révélations d'agressions sexuelles visant l'Abbé Pierre, Anne Soupa affirme qu'il est "évident" que les évêques "n'ont pas fait tout ce qu'ils pouvaient pour limiter l'emprise de l'Abbé Pierre sur les femmes en particulier". "Les archives ont été ouvertes, mais les archives s'arrêtent dans les années 1970, après le dossier est vide, donc on peut se poser des questions", souligne-t-elle.
La théologienne "constate que les églises se vident, que les rangs des fidèles s'éclaircissent". "Malheureusement l'image que l'Église donne aujourd'hui, c'est une image négative d'acteurs qui ne vont pas de l'avant dans un processus de réforme clair et direct", alors que "la situation est critique", ajoute-t-elle.
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