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Actes anti-LGBTI : "Seulement 14% des victimes font la démarche de déposer plainte", selon la DILCRAH

"La haine anti-LGBT tue encore aujourd'hui en France et on le voit dans l'expression des violences dans le voisinage", assure sur franceinfo Sophie Elizeon, déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH).

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Marche des LGBTQI+ contre la manifestation de "La Manif pour Tous", le 31 janvier 2021 à Paris. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

"Seulement 14% des victimes de haine anti LGBT font la démarche de déposer plainte", a indiqué lundi 17 mai sur franceinfo Sophie Elizeon, déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie. Pour elle, "la mobilisation du gouvernement reste entière pour lutter contre ces haines anti-LGBT qui en réalité, tuent encore aujourd'hui en France", a-t-elle mis en garde. Même si le rapport de SOS Homophobie, il y a une baisse des témoignages reçus l'année dernière 1 815 de personnes LGBTQI+ (le sigle pour lesbiennes, gays, bisexuels, transexuels, queers, intersexes), contre 2 396 en 2019.

franceinfo : dans le rapport que vous avez publié il y a une baisse du nombre de victimes de crimes ou délits anti LGBT enregistrés par les forces de sécurité en 2020. Est-ce que ce chiffre est important et veut dire quelque chose dans le contexte de crise sanitaire qu'on connaît ?

Sophie Elizeon : C'est un chiffre enregistré sur la base des plaintes communiquées aux forces de sécurité intérieure l'année 2020, l'année dernière est non-concernée par la crise sanitaire. Et cette baisse ne doit pas nous satisfaire. Nous savons par ailleurs que seulement 14% des victimes de haine anti-LGBT font la démarche de déposer plainte. Donc, la mobilisation du gouvernement reste entière pour lutter contre ces haines anti-LGBT qui, en réalité, tuent encore aujourd'hui en France.

Quels sont les problèmes que vous avez cernés tout particulièrement et ce sur quoi vous allez peut être vous pencher dans les prochains mois et les prochaines années ? Quels sont vos objectifs ?

Pour ce qui est particulièrement prégnant dans l'ensemble des rapports, ce sont des tensions qui sont de plus en plus violentes. La haine anti-LGBT tue encore aujourd'hui en France et on le voit dans l'expression des violences dans le voisinage, par exemple, qu'il y a vraiment un harcèlement de personnes identifiées comme étant LGBT, mais également la haine en ligne qui prend une ampleur de plus en plus importante avec une voix prépondérante des haineux en tout genre.

"L'enjeu, c'est lutter contre ces expressions de haine et contre les stéréotypes et les idées préconçues qui les fondent."

Sophie Elizeon, déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH)

à franceinfo

Et ça passe naturellement par l'éducation et également par la communication en direction du grand public et c'est tout l'objet de la campagne que nous avons lancée ce lundi matin avec Santé publique France, qui a pour slogan "Face à l'intolérance, à nous de faire la différence", et qui engage vraiment chacune et chacun d'entre nous à lutter contre les LGBT phobies.

Est-ce vraiment utile ? Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

Ça prend du temps puisqu'il est question ici de changer les mentalités. Et vous le savez, les mentalités ne changent pas si rapidement. Si on prend la peine d'observer un certain nombre de statistiques, aujourd'hui, 85% des Françaises et des Français considèrent l'homosexualité comme une manière de vivre sa sexualité comme une autre. Ce pourcentage était de 24% en 1975. Certes, le temps est long, mais les campagnes de sensibilisation et de communication fonctionnent. Bien évidemment, elles doivent être accompagnées d'un certain nombre de mesures qui sont prises au plus près des publics, au plus près du terrain d'accompagnement des victimes et pendant la crise sanitaire. Cela passe également, évidemment, par la formation d'un certain nombre d'agents publics, les enseignants, les professionnels de santé, les forces de sécurité intérieure, magistrats, pour ne citer que ceux-là.

Y a-t-il un public plus vulnérable qu'un autre ?

Il y a effectivement des publics qui sont potentiellement plus vulnérables que d'autres. D'abord parce que leur jeune âge rend difficile leur situation. Je pense évidemment aux enfants qui, pour certains, sont victimes de violences de la part de leurs parents quand ils révèlent qu'ils sont gays, bi ou transes, ou qu'elles sont lesbiennes ou plus. Il y a également des publics qui sont plus fragiles. Ce sont effectivement les femmes lesbiennes. C'est souvent, notamment dans l'accès à la santé et aux soins.

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